L’archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo, a demandé mardi au peuple congolais de « se tenir en ordre de marche » afin de faire barrage à « l’acharnement » de la majorité parlementaire actuelle pro-Kabila « à faire main basse sur la CENI et la magistrature ».
Dans une homélie prononcée mardi à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo (RDC), l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo (photo), a demandé aux Congolais de « se tenir en ordre de marche » face à la volonté de la majorité parlementaire de l’ancien président Joseph Kabila de contrôler la magistrature et la Commission électorale.
« Les jours à venir seront difficiles. Je tiens ici à demander au peuple de se tenir en ordre de marche. Lorsque le moment viendra, lorsqu’ils s’obstineront à faire passer ces lois et ces personnages à la tête la CENI, il faudra qu’ils nous trouvent sur leur chemin », a-t-il déclaré.
« Il y a l’acharnement de la majorité parlementaire actuelle à faire main basse sur la CENI [Commission électorale nationale indépendante, Ndlr] et la magistrature. Ce sont des pratiques qu’on ne peut jamais tolérer », s’est insurgé le cardinal Ambongo. Et d’ajouter : « quand on parle de l’Etat de droit, il y a ces principes-là : l’indépendance de l’organe qui organise les élections et l’indépendance de la Justice, de la magistrature. Si vous n’avez pas ces deux-là, oubliez l’importance qu’on puisse accorder au peuple ».
Cette mise en garde du prélat catholique intervient suite à trois propositions de loi de réforme judiciaire et à certaines manœuvres considérées par la société civile comme des tentatives visant à prendre le contrôle de la CENI.
Lundi soir, le président Félix Tshisekedi a prévenu qu’il « n’accepterait sous aucun prétexte » une réforme de nature à « porter atteinte à des principes fondamentaux régissant la Justice ». Les Etats-Unis ont estimé que cette réforme risque « d’amoindrir l’indépendance de l’appareil judiciaire ».
Signe d’un désamour qui s’installe progressivement entre les anciens alliés de la coalition au pouvoir composée des proches du président Félix Tshisekedi et de son prédécesseur Joseph Kabila, le cardinal a dénoncé « un rapport dangereux de rivalité qui risque d’entraîner tout le pays dans le chaos définitif ». Appelant par la même occasion à la fin de cette coalition.
« De part et d’autre, c’est le désamour, le cœur n’est plus à l’ouvrage. […] L’action gouvernementale est complètement paralysée et le service légitime à rendre à la population est sacrifié. Le peuple est abandonné », a fait remarquer l’archevêque de Kinshasa. Tout en prévenant qu’« aussi longtemps que cette coalition sera là, il n’y a rien à espérer des gouvernants ».
Avec des fidèles représentant près de 40% de la population du pays, l’Eglise catholique a plusieurs fois mené des contestations populaires en RDC. (Source : agenceecofin.com)
