Le désengagement américain sera effectif dans un an, privant ainsi l’organisation onusienne de son plus gros contributeur.
Les États-Unis ont confirmé officiellement leur retrait de l’Organisation mondiale de la santé, qui deviendra effectif le 6 juillet 2021. Ce désengagement américain de cette agence des Nations unies fait suite aux accusations répétées de Donald Trump, qui reproche depuis le mois d’avril à l’OMS d’avoir sciemment caché l’ampleur de l’épidémie de Covid-19 et d’avoir été instrumentalisée par la Chine. Après l’Unesco en 2017 et le Conseil des droits de l’homme en 2018, l’OMS devient la troisième agence des Nations unies dont le président américain a retiré son pays.
Le départ américain la prive de son plus gros contributeur individuel. Les États-Unis ont versé en 2019 plus de 400 millions de dollars (360 millions d’euros) à l’organisation, soit environ 15 % de son budget total. Comme à l’accoutumée, la décision de Trump a soulevé de nombreuses critiques. D’abord sur l’opportunité de se retirer d’une organisation internationale au moment même où une pandémie d’ampleur sans précédent nécessite une coordination internationale. Ensuite sur la perte d’influence représentée pour les États-Unis, alors que l’OMS est impliquée dans les efforts pour le développement d’un vaccin et les essais cliniques contre le Covid-19.
Joe Biden, le candidat démocrate à la présidence, a réagi en annonçant qu’il reviendrait immédiatement sur cette décision s’il est élu. «Les Américains sont plus en sécurité lorsque l’Amérique s’investit dans la santé mondiale. Dès le premier jour de ma présidence, je rejoindrai l’OMS et rétablirai notre influence sur la scène mondiale», a déclaré Biden. Même le président républicain de la commission des affaires sanitaires au Sénat, Lamar Alexander, s’est dit en désaccord avec cette décision: «Il est certain qu’il faut examiner attentivement les erreurs que l’OMS a pu commettre en ce qui concerne le coronavirus, mais il faut le faire après la crise, et non en plein milieu.» «C’est une abdication par l’Amérique de son rôle international, et c’est tout le contraire de faire passer l’Amérique en premier: c’est mettre l’Amérique en danger, a déclaré Patty Murray, sénatrice démocrate et membre de la même commission. Le président Trump doit se rendre compte que cette crise ne connaît pas les frontières et que se cacher ou blâmer autrui ne la fera pas disparaître, ni ne diminuera ses propres responsabilités.»
À la mi-avril, alors que les États-Unis faisaient face à la première vague de l’épidémie de Covid sur leur territoire, Trump avait tourné sa colère contre l’OMS. Il avait accusé l’organisation d’avoir manqué à sa mission en ne communiquant pas avec les États membres l’ensemble des informations sur le virus, et de s’être pliée aux pressions chinoises pour tromper le public sur sa contagiosité et sa dangerosité. Il avait reproché à l’OMS de ne pas avoir enquêté sur les origines de l’épidémie et avait alors menacé de mettre fin au financement américain de l’organisation si celle-ci n’entreprenait pas des réformes substantielles dans un délai d’un mois.
Fin mai, Trump avait mis sa menace à exécution. «Nous leur avons directement détaillé les réformes nécessaires, mais ils ont refusé d’agir, avait-il dit. Nous allons mettre fin à nos relations avec l’Organisation mondiale de la santé et diriger ces fonds» vers d’autres organisations caritatives mondiales de santé publique.
Cette décision s’inscrit aussi dans le climat de profonde défiance qui règne entre Washington et Pékin. Fin janvier, alors que les cas de contamination par le Covid-19 en dehors des frontières chinoises se multipliaient, le directeur de l’OMS, l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus avait fait l’éloge de la Chine et de son dirigeant Xi Jinping, pour leur efficacité dans la lutte contre la pandémie. À la même époque, l’OMS avait critiqué la décision de Donald Trump de suspendre les vols en provenance de la Chine vers les États-Unis, que le président américain présente depuis comme la mesure la plus significative qu’il ait prise pour tenter d’enrayer la pandémie. (Source : www.lefigaro.fr)