Le Soudan du Sud est à court de devises étrangères en raison de la baisse de ses revenus pétroliers et ne parvient pas à empêcher la dépréciation de sa monnaie, a annoncé un haut responsable de la Banque centrale sud-soudanaise.
Daniel Kech Pouch, le gouverneur adjoint de la Banque centrale, a indiqué mercredi à la presse que la livre sud-soudanaise s’était dépréciée fortement et que les autorités monétaires n’avaient quasiment aucun moyen d’enrayer cette chute.
« C’est difficile pour nous en ce moment d’arrêter cette rapide (baisse) du taux de change, parce que nous n’avons pas les réserves pour intervenir sur le marché », a-t-il déclaré.
L’économie sud-soudanaise, ravagée par six années de guerre civile, est presque entièrement dépendante des revenus pétroliers.
Quand le pays est devenu indépendant en 2011 en faisant sécession du Soudan, il a conservé près des trois-quarts des gisements pétroliers.
Mais les années de guerre civile, déclenchée en décembre 2013 et en partie liée au contrôle des champs pétroliers, a privé ce jeune pays de ressources vitales et l’a empêché de diversifier son économie.
A son plus fort, avant la guerre, la production de brut était de 350.000 barils par jour. Elle est ensuite descendue à 135.000 barils par jour, avant de remonter légèrement à 178.000 après la signature en septembre 2018 d’un accord de paix.
Mais la baisse mondiale des cours du pétrole a entraîné une chute des revenus.
Selon M. Pouch, le Soudan du Sud n’a guère d’autres sources de devises étrangères pour soutenir la livre.
« Nous avons peu d’autres ressources pour le moment pour compléter. Même les revenus non-pétroliers collectés par le gouvernement ne génèrent pas beaucoup d’argent à injecter sur le marché », a-t-il observé.
Il existe trois taux de change pour la livre: celui de la Banque centrale à 165 livres pour un dollar, celui des banques commerciales à 190 et celui du marché noir à 400.
La livre s’est fortement dépréciée ces dernières semaines et l’inflation est élevée.
M. Pouch a indiqué que la Banque centrale avait contacté la Banque mondiale pour discuter d’autres moyens d’emprunter et de consolider ses réserves.
Le Soudan du Sud se remet péniblement d’une guerre civile qui a fait en six ans plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique. (Afp)