La campagne électorale pour l’élection présidentielle du 28 octobre en Tanzanie a été ouverte vendredi par un meeting du principal parti d’opposition, le Chadema, décidé à faire chuter le président John Magufuli, en poste depuis 2015.
Tundu Lissu, le candidat du Chadema, qui avait réchappé d’une tentative de meurtre en 2017, s’est adressé dans la soirée à ses partisans réunis dans la capitale économique Dar es Salaam.
Il a reproché au président Magufuli de tout faire pour réduire l’opposition au silence et s’assurer par avance sa réélection, ainsi que celle des candidats de son parti, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), pour les élections législatives et municipales qui auront lieu le même jour.
« Nos candidats sont disqualifiés à cause de l’influence d’un président qui ne veut pas de compétition politique », a déclaré M. Lissu, 52 ans. Le président Magufuli doit de son côté lancer sa campagne samedi avec un meeting prévu à Dodoma, la capitale administrative.
Cette première réunion électorale intervenait un mois tout juste après le retour de M. Lissu d’Europe où il avait subi plusieurs opérations chirurgicales et dû s’astreindre à une longue convalescence.
Cet ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats avait été blessé de plusieurs balles en septembre 2017 à son domicile de Dodoma, après avoir participé à une session parlementaire.
Les partis d’opposition ont dénoncé par avance un scrutin inéquitable, en affirmant que certains de leurs candidats avaient à tort été rejetés par la Commission électorale et pour certains victimes de violences physiques.
« Nous demanderons le retour de nos candidats sans condition pendant toute la campagne. Il n’y a pas d’élection sans candidats d’opposition », a insisté vendredi M. Lissu.
Le 13 août, l’Alliance pour le changement et la transparence (ACT-Wazalendo), un autre parti d’opposition de plus en plus influent, avait indiqué que deux de ses candidats à la députation avaient été attaqués à leur domicile.
« Nous sommes fatigués de ces incidents et nous voulons que chacun sache que la Tanzanie est un pays multipartite qui devrait permettre la compétition politique », avait fait valoir le parti.
M. Lissu est l’un des 14 candidats d’opposition à s’opposer au chef de lÉtat. Élu en octobre 2015, M. Magufuli est accusé d’avoir restreint les libertés publiques et fait preuve d’autoritarisme.
L’incapacité de l’opposition à présenter une candidature unique, dans un scrutin à un seul tour, devrait faciliter la tâche du président sortant, estime Richard Mbunda, un politologue à l’Université de Dar es Salaam.
Former une alliance « n’est pas facile pour les partis d’opposition », souligne-t-il, car une campagne électorale est l’une des rares opportunités pour eux de se faire entendre sur la scène nationale. (Afp)