Une enquête publiée dimanche par le journal britannique The Telegraph a soulevé un tollé, des chancelleries européennes à l’ONU. Deux journalistes du quotidien ont révélé, images et vidéos à l’appui, que des centaines d’Éthiopiens sont détenus dans au moins deux centres fermés en Arabie saoudite. Des centres destinés prétendument à freiner la propagation du Covid-19 et où les conditions de survie sont littéralement épouvantables.
« Les gardes jettent les cadavres comme si c’était des poubelles. » Ainsi parle l’un de ces détenus éthiopiens contactés clandestinement par le journaliste éthiopien Zecharias Zelalem et le britannique Will Brown pour le quotidien The Telegraph.
Tous les enfermés interrogés décrivent un enfer concentrationnaire ; la promiscuité de centaines d’hommes dans une chaleur terrible, des coups de fouet au rythme de hurlements racistes, peu d’eau, peu de nourriture. Les images filmées par des téléphones portables et envoyées au Telegraph sont affreuses: des latrines qui débordent, des fenêtres bouchées, des appels désespérés d’hommes torse nu, et pieds nus, pataugeant dans un égout. Et même un adolescent suicidé, pendu à une fenêtre.
Les données de géolocalisation indiquent qu’au moins deux centres se trouveraient l’un dans le sud, l’autre dans l’ouest du pays, près de Jazan et de La Mecque. Selon les témoignages, les migrants éthiopiens auraient été enfermés là en avril, après des rafles destinées à prétendument réduire les facteurs de propagation du Covid-19.
Sitôt l’enquête publiée, les réactions internationales ne se sont pas faites attendre. Sollicités, l’Organisation internationale des migrations (OIM), le secrétariat général de l’ONU, la diplomatie britannique et l’organisation américaine Human Rights Watch ont exprimé leur « inquiétude » et demandé une enquête.
Dès le lendemain, l’Arabie saoudite a promis de faire la lumière sur ces images « choquantes et inacceptables ». Dans un communiqué transmis au journal, le gouvernement saoudien affirme « examiner l’état de tous les centres gouvernementaux à la lumière de ces allégations », ajoutant que si certains « manquaient à leurs nécessités », la question serait réglée. (Rfi.fr)