samedi, novembre 23, 2024
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La CEDEAO appelle les putschistes à «l’aider à aider le Mali»

Réunis à Niamey lundi, les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ont exigé la nomination d’un Président et d’un Premier ministre civils avant le 15 septembre.

A la descente de l’avion, les elbow bumps («bonjours du coude») se sont substitués aux traditionnelles poignées de main. Après plusieurs mois de réunions en visioconférence en raison de la pandémie de Covid-19, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) étaient réunis lundi à Niamey pour un sommet consacré à la situation politique et sécuritaire de la région. Pour la troisième fois en dix-huit jours, les pays membres de l’organisation régionale (huit d’entre eux étaient présents) ont examiné l’évolution de la situation sociopolitique au Mali, où les forces armées ont renversé le 18 août le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Inflexible, la Cédéao a exigé de la junte que le Président et le Premier ministre soient des civils et qu’ils soient nommés avant le 15 septembre. Lors de son discours d’ouverture, le chef de l’Etat nigérien Mahamadou Issoufou, président sortant de l’organisation, a une nouvelle fois demandé la mise en place d’une transition d’une durée de douze mois maximum. «Il est du devoir de notre communauté d’assister les Maliens en vue d’un rétablissement rapide de toutes les institutions démocratiques. La junte militaire doit nous aider à aider le Mali.»

«Pour un pays, le putschisme est une grave maladie»

Depuis le coup d’Etat, la forme et la durée de la transition sont deux sujets de frictions entre les deux parties. Lors de son dernier sommet, le 28 août, la Cédéao avait déjà été claire dans ses recommandations : «Aucune structure militaire ne devrait être au-dessus du président de la transition.» Les pays membres de la Cédéao avaient également conditionné la levée des sanctions (fermeture des frontières avec le Mali et arrêt des flux financiers et commerciaux) à la mise en œuvre d’une transition à leur convenance. «Pour un pays, le putschisme est une grave maladie. Pour en guérir, une seule ordonnance : les sanctions», avait mis en garde le président nigérien. A l’issue de cette nouvelle réunion, les dirigeants ouest-africains ont donc décidé de maintenir les sanctions.

La junte, qui avait initialement suggéré une période de transition de trois ans sous la conduite du colonel Assimi Goïta, le chef du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), a de son côté revu ses exigences à la baisse et ramené sa proposition à deux ans. Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), une coalition hétéroclite de personnalités politiques, religieuses et de la société civile, propose quant à lui une transition de dix-huit à vingt-quatre mois, avec des civils à la tête des institutions. «Outre la durée de la transition, il faut s’interroger sur le projet qui va être mis en œuvre au Mali. Une personnalité politique pourra-t-elle répondre aux attentes des citoyens dans si peu de temps ? s’interroge la politologue Niagalé Bagayoko. La population, dont une partie s’est soulevée pour exprimer son rejet de la classe politique, n’est pas dupe et souhaite aujourd’hui une meilleure gouvernance.»

Sous la pression de la Cédéao, la junte a lancé samedi une vaste consultation nationale pour définir l’architecture de la transition. Censée rendre les rênes du pays aux civils, elle a réuni militaires, partis politiques, société civile, anciens groupes rebelles et syndicats. Grande absente des concertations, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), l’ex-rébellion à dominante touareg, a jugé de son côté que «les mesures de confiance nécessaires à la construction d’un partenariat pour des responsabilités partagées ne semblent pas d’actualité».

Des soins aux Emirats arabes unis

Si la Cédéao avait fait du rétablissement d’IBK une condition de sa participation au dialogue avec les militaires, le sujet n’est plus à l’ordre du jour. Samedi en fin d’après-midi, la junte a accepté de permettre à l’ancien chef de l’Etat de quitter Bamako pour effectuer des soins médicaux aux Emirats arabes unis «pour une durée maximum d’un mois», extensible à trois mois sur avis médical. En contrepartie, la Cédéao s’est engagée à un retour d’IBK si la justice a besoin de lui au Mali. (Libération)

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