Au Kenya, l’affaire Kemsa fait beaucoup de bruit depuis quelques semaines. Des millions de dollars auraient été détournés de leur objectif au sein de l’agence publique chargée du matériel médical. Ce mercredi, de nouvelles révélations devant le Sénat mettent un peu plus en cause ses responsables.
Nommée en juillet, la nouvelle auditrice générale est déjà en première ligne dans le scandale du moment au Kenya. Selon le rapport de Nancy Gathungu, la corruption au sein de Kemsa aurait englouti plus de 21 millions de dollars destinés à la lutte contre le coronavirus. L’enquête dénonce la complicité entre plusieurs hauts responsables de l’agence et des sociétés privées ayant décroché de juteux contrats. Or ces entreprises n’avaient même pas un an d’existence, ni aucune expérience dans le secteur.
Estomaqué, le sénateur de Narok, Ledama Ole Kina, a déclaré qu’il était « impossible d’enregistrer une société en janvier et de remporter un contrat de 8 millions de dollars trois mois plus tard. Quelles compétences avez-vous ? », a-t-il demandé, ajoutant vouloir connaître les noms des directeurs. L’affaire est sensible, avec des relents politiques, puisque le vice-président du parti présidentiel a reconnu être proche du directeur d’une de ces sociétés. David Murathe a toutefois nié contrôler cette entité.
Les responsables de Kemsa sont soupçonnés de collusion et de corruption à travers la surfacturation d’équipements, des achats inutiles ou sans autorisation, et du détournement de fonds pur et simple. Interrogé à l’Assemblée, le directeur de l’agence, Jonah Manjari, a nié. « Sous ma supervision, aucune somme d’argent n’a été perdue », a-t-il affirmé, droit dans ses bottes. La balle est désormais dans le camp de la Direction des affaires criminelles. Beaucoup s’attendent désormais à des inculpations. (Rfi.fr)