C’est le début de la campagne cacaoyère en Côte d’Ivoire. Elle est marquée par une hausse du prix payé au producteur à 1 000 francs CFA contre 825 francs CFA l’an dernier. Un coup de pouce financier, à quelques jours du scrutin présidentiel, dans un contexte très incertain pour la filière cacao.
Les producteurs de cacao attendaient et espéraient fortement cette hausse du prix minimum. A quelques jours du scrutin, prévu pour la fin du mois, « ne pas annoncer au moins 1 000 FCFA le kilo aurait créé un très grand mécontentement chez les planteurs, après une promesse déçue l’an dernier », souligne l’économiste François Ruf.En décalant d’un an cette hausse, le désormais candidat Alassane Ouattara s’est finalement ménagé « une habile marge de manœuvre ». Les 800 000 producteurs de cacao et leurs proches pèsent pour 25 à 30% de l’électorat ivoirien.
Coup de pouce pour plus d’un quart de l’électorat
Ce coup de pouce devrait être financé cette année par le différentiel de revenu décent, 400 dollars de plus que le prix mondial arrachés l’an dernier par la Côte d’Ivoire et le Ghana à l’industrie chocolatière. 2020-2021 est décidément une campagne très particulière, souligne-t-on dans le négoce, avec l’entrée en vigueur de ce différentiel, une élection présidentielle à haut risque et le Covid-19…
Beaucoup d’incertitudes
La pandémie a déjà affecté la demande mondiale de chocolat, en baisse, comme le pouvoir d’achat des consommateurs et l’activité des restaurants. Les usines de broyage, loin de tourner à plein, ont actuellement des marges négatives – ce qui n’a pas empêché le Conseil du café cacao (CCC) de lancer la construction de deux nouvelles unités de transformation sur le sol ivoirien il y a quelques jours. Se refinancer coûte aussi plus cher aux exportateurs.
Différentiel, Covid-19 et élection à haut risque
Mais c’est l’évolution de la situation politique ivoirienne qui inquiète le plus la filière. On risque de voir les tensions ressurgir dans les villes et dans les régions du cacao, « particulièrement dans l’ouest et le nord-ouest, là où le cacao s’est le plus développé depuis dix ans, et où les problèmes fonciers pourraient être à nouveau exploités politiquement », remarque l’agronome Philippe Bastide.
Exporter au plus vite
Comment se passerait alors la collecte du cacao, son acheminement si les camions sont volés ou brûlés, ou tout simplement si l’administration s’arrête pour toutes les démarches ? Le cacao a toujours fini par sortir de Côte d’Ivoire, mais la stratégie des exportateurs est d’aller le plus vite possible sur place pour exporter le plus de fèves en début de campagne, la récolte démarrant plutôt bien d’un point de vue agronomique et les producteurs en recevant un bon prix. (Rfi.fr)