Ce samedi doit être annoncé le résultat global du premier tour de l’élection présidentielle qui s’est tenu le dimanche 18 octobre. La Commission électorale nationale indépendante doit proclamer les résultats provisoires globaux à 11h temps universel dans l’enceinte du palais du peuple qui abrite les locaux de l’Assemblée nationale à Conakry. Avant même leur proclamation, ces résultats sont déjà contestés par l’opposition qui s’est déjà déclarée vainqueur mais aussi par certains observateurs et membres de la Céni.
Deux commissaires se sont retirés des travaux de totalisation des résultats, rapporte notre envoyée spéciale à Conakry, Charlotte Idrac.
Dans une déclaration transmise à la presse, Diogo Baldé et Marie Hélène Sylla, commissaires à la Céni, dénoncent « de graves anomalies constatées dans la procédure de totalisation des résultats ». « Nos observations pour garantir la transparence, la fiabilité et la sincérité des résultats » n’ont pas été prises en compte, écrivent-ils. Jointe au téléphone, Marie Hélène Sylla confirme : elle n’a pas assisté aux travaux depuis jeudi et il ne s’agit pas d’une « démission », mais d’un « retrait ». Elle récuse « la démarche », la procédure de totalisation au niveau de la commission.
Vendredi, la Céni avait déjà annoncé les chiffres de 37 des 38 circonscriptions du pays. Il manquait encore les résultats de Mamou, et à l’étranger, de la RDC et de la Gambie. Le porte-parole de la commission, Mamadi 3 Kaba a indiqué qu’il faudrait attendre ce samedi pour l’annonce des résultats provisoires globaux, en raison « de la solennité nécessaire » pour cette étape.
Conakry sous tension
Dans ce contexte, la tension reste très vive à Conakry. L’entrée de Kaloum, le centre politico-administratif de la capitale, les entrées sont filtrées par la police et la garde présidentielle, rapporte notre correspondant à Conakry, Carol Valade.
En proche banlieue au rond-point de Hamdallaye, une trentaine de pick-up remplis de militaires en armes étaient regroupés en début d’après-midi, avant de prendre la direction de la haute banlieue. Parmi eux, l’armée de terre mais aussi plusieurs unités d’élite de la garde présidentielle.
Un peu plus loin, des groupes de jeunes avaient enflammé des barricades, abattus les lampadaires pour bloquer la route. Ils ont jeté des pierres sur les gendarmes qui ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène. « Ils ont des kalach, ils nous tuent ! », ont scandé les manifestants.
En haute banlieue, des concessions ont été caillassées, des boutiques incendiées. Beaucoup d’habitants se disent menacés.
Le train de la compagnie minière Rusal a été bloqué et attaqué par des manifestant qui ont saboté les rails, encerclé et incendié le train. « Les forces de défense ont vidé leurs chargeurs avant d’être débordées », raconte un témoin.
Bilan de source gouvernementale : au moins cinq morts, dont trois gendarmes, un militaire et un civil dans l’attaque du train. Trois policiers seraient également grièvement blessés selon la même source. Les affrontements se poursuivent entre différents groupes. Il y aurait plusieurs victimes de part et d’autres, dont un enfant à Hamdallaye.
Dans ce contexte, des responsables religieux ont appelé au calme.
« Nous, les imams, on prie matin et soir pour la paix. »
La FNDC appelle à manifester
Dans un communiqué publié à la mi-journée, L’UFDG principal parti d’opposition compte désormais 27 morts par balle depuis lundi. Enfin, le Front national pour la défense de la Constitution a publié vendredi un communiqué dans lequel il exige le départ d’Alpha Condé et appelle à des manifestations à partir de lundi dans tout le pays. Le FNDC déplore par ailleurs la mort par balle de deux de ses coordinateurs.
Jeudi soir à la télévision nationale, le ministre de l’Administration du territoire avait annoncé la réquisition de l’armée pour le maintien de l’ordre dans le pays. À travers la ville règne un climat de peur, la quasi-totalité des boutiques sont fermées et la majorité des habitants restent terrés chez eux.
D’importantes perturbations et restrictions d’accès à internet sont aussi à signaler depuis jeudi soir.
Les Nations unies ont condamné les violences. La Cour pénale internationale s’est insurgée contre les « propos incendiaires » qui « exacerbent les tensions ethniques ». Les États-Unis ont exhorté les services de sécurité à la retenue et les manifestants à rester pacifiques.
C’est un candidat illégal et illégitime qui est en train de s’entêter dans son obsession de faire de la Guinée une monarchie dans laquelle il dictera ses ordres à ses sujets.