Dans une France reconfinée depuis vendredi, les établissements ouvrent leurs portes lundi aux élèves, après deux semaines de vacances. Pour cette rentrée, un hommage au professeur assassiné Samuel Paty est également prévu dans les établissements français, soumis à des mesures sanitaires et de sécurité renforcées.
De retour au travail, au télétravail ou à l’école, les Français entrent, lundi 2 novembre, dans le vif de leur nouveau quotidien de reconfinement allégé, avec la rentrée très particulière de plus de 12 millions d’élèves sous une inédite vigilance sanitaire et sécuritaire.
Cette nouvelle phase de confinement est destinée à freiner la « deuxième vague » de contaminations au coronavirus en France, où quelque 46 290 nouveaux cas ont été enregistrés dimanche, contre 35 641 la veille.
Plus de 3 500 malades du Covid-19 sont désormais hospitalisés en réanimation ou en soins intensifs, selon Santé Publique France, qui comptabilisait dimanche 231 décès et 289 nouvelles admissions en 24 heures.
« Nous faisons tout pour qu’il y ait une continuité du service public de l’éducation, c’est dans ces moments-là que nous montrons que nous sommes une République forte », a assuré le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, dans son message vidéo de rentrée.
C’est la grande nouveauté de ce reconfinement : les écoles, collèges et lycées sont ouverts, contrairement au printemps, mais seront soumis à un protocole sanitaire renforcé. Outre des limitations de déplacement à la cantine ou dans la cour de récréation, le port du masque sera dès lundi désormais obligatoire pour les élèves dès six ans.
« On a toujours rien reçu de l’école, ni sur les masques ni sur l’ouverture ou pas de la cantine, je vais lui mettre des masques chirurgicaux dans le cartable et on verra », dit Marion Lafuste, 35 ans, mère de Raphaël, scolarisé en CP à Paris, en « télétravail à 100 % ».
« La situation angoisse et inquiète tous nos compatriotes, donc les parents et les élèves », explique Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE, première association de parents d’élèves.
« Pour que les gestes barrière puissent être appliqués, il faut massivement embaucher des enseignants comme l’a fait l’Italie, c’est la seule façon qu’on a de lutter efficacement contre la propagation du virus », a-t-il ajouté.
Dimanche, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a plutôt évoqué la possibilité de fermer les lycées si les mesures prises ces derniers jours pour freiner l’épidémie ne sont pas « suffisamment efficaces ». « Nous adapterons les règles en fonction de ces données », a-t-il dit au Journal du dimanche.
Une rentrée « difficile », selon Emmanuel Macron
Sur Snapchat, Instagram et Facebook, Emmanuel Macron a, de son côté, adressé lundi matin un message de soutien aux élèves pour cette rentrée « difficile ».
« Vous qui reprenez le chemin de l’école, je pense à vous », écrit le président dans un message, à l’adresse des élèves, ajoutant qu' »il faudra du temps » pour « surmonter tous ensemble » le virus. « Je sais que le port du masque toute la journée est difficile. Mais plus nous ferons d’effort, plus vite nous retrouverons une vie normale », a plaidé le chef de l’État en demandant aux élèves d’installer l’application TousAntiCovid.
Emmanuel Macron a aussi évoqué l’hommage qui sera rendu dans toutes les écoles à Samuel Paty, professeur assassiné à la veille des vacances pour avoir montré des caricatures de Mahomet dans un cours sur la liberté d’expression.
« Je sais votre émotion après les attaques terroristes, dont l’une devant une école contre un enseignant », a-t-il écrit. « Aujourd’hui, en classe, vous allez rendre hommage à Samuel Paty. Nous penserons tous à lui, à vous et à vos enseignants », poursuit-il, en allusion à la minute de silence qui sera organisée dans toutes les classes en mémoire du professeur.
« Parlez-en entre vous. Parlez-en avec vos enseignants. Parlez aussi de ce qui vous rassemble », leur demande le chef de l’État, en ajoutant « le projet du terrorisme, c’est de fabriquer la haine ».
Un hommage à Samuel Paty
Le Premier ministre, Jean Castex, se rendra lundi avec le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines, où enseignait Samuel Paty, pour participer à l’hommage qui lui sera rendu à l’occasion de la rentrée scolaire, a annoncé dimanche Matignon.
« À l’issue d’un temps d’échange sans expression publique avec la communauté éducative du collège du Bois d’Aulne », où travaillait le professeur d’histoire, le Premier ministre se rendra à l’école primaire voisine le Clos d’en Haut de Conflans-Sainte-Honorine afin de dialoguer avec les élèves d’une classe de CM2 avant d’observer une minute de silence en hommage à Samuel Paty », a précisé Matignon dans son communiqué.
Le chef du gouvernement s’entretiendra aussi avec les autorités locales et académiques sur la mise en place du nouveau protocole sanitaire dans les écoles et sur le renforcement de la sécurité aux abords des établissements scolaires suite au passage au niveau « urgence attentat » du plan Vigipirate.
Une minute de silence dans les établissements
En raison des contraintes sanitaires et sécuritaires, l’hommage à Samuel Paty se limitera lundi dans bon nombre d’établissements scolaires à une minute de silence.
La rentrée des classes, qui devait initialement être décalée à 10 heures pour laisser le temps aux équipes pédagogiques de préparer un hommage au professeur décapité, sera finalement maintenue à l’horaire habituel, a annoncé le ministre Jean-Michel Blanquer vendredi soir aux personnels.
Depuis la mort de Samuel Paty, la France a connu une autre attaque dans une église à Nice et le plan Vigipirate a été porté au niveau « urgence attentat » sur l’ensemble du territoire. Des rondes et patrouilles « fixes et mobiles » de gendarmes et de policiers sont donc prévues dès lundi devant les 60 000 établissements scolaires du pays. (France24)