Dans une interview au magazine « Jeune Afrique », le président français revient sur les grands chantiers entrepris avec l’Afrique depuis son arrivée à l’Élysée et vante un changement de méthode. Il tacle la Russie et la Turquie qui veulent jouer sur le sentiment anti-français selon lui et s’exprime sur la situation dans de nombreux pays, à commencer par le Mali.
Sur le Mali, Emmanuel Macron ne fait pas, dans cette interview, de commentaire sur la transition en cours mais rappelle qu’il refuse les discussions avec les groupes jihadistes dans le pays. « Avec les terroristes on ne discute pas, on combat », estime-t-il. En Algérie, le chef de l’État français apporte en revanche un soutien clair au président Abdelmadjid Tebboune qu’il juge « courageux » malgré l’opposition populaire du Hirak.
Au Maroc voisin, après le regain de tensions, ces derniers jours au Sahara occidental, Emmanuel Macron estime entre les lignes que les ambitions africaines de Rabat ne permettent pas au pays de passer à côté d’un dialogue et propose l’aide de la France.
Au Cameroun, il presse le président Paul Biya « d’effectuer des gestes d’ouverture » et lui rappelle l’avancée de Boko Haram au nord du pays. Emmanuel Macron se félicite par ailleurs des relations pacifiées avec Paul Kagame au Rwanda.
Ouattara « ne voulait pas se présenter à un troisième mandat »
Il s’attarde plus longuement en revanche sur la situation en Côte d’Ivoire et ne mâche pas ses mots au sujet de l’opposant Guillaume Soro, qui avait appelé à un coup d’État depuis le sol français. Pour Emmanuel Macron, « il n’a pas à créer le désordre et sa présence en France n’est pas souhaitée tant qu’il se comportera de cette manière. »
En ce qui concerne les troisièmes mandats contestés des présidents Alpha Condé en Guinée et Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, le chef de l’État français déclare : « Je ne mets pas le cas de la Guinée et de la Côte d’Ivoire dans la même catégorie. »
Emmanuel Macron excuse même la démarche d’Alassane Ouattara. « Je peux vous dire sincèrement qu’il ne voulait pas se présenter à un troisième mandat », qu’il l’a fait par « devoir » après la mort de son dauphin, déclare-t-il. Emmanuel Macron rappelle tout de même qu’il s’était opposé à la démarche du président ivoirien et estime qu’il faut désormais favoriser la réconciliation et le « renouvellement générationnel ».
Par contre, le président français se montre sévère avec son homologue guinéen. « D’évidence, Alpha Condé a organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir, juge-t-il. C’est pour cela que je ne lui ai pas encore adressé de lettre de félicitations. » (rfi.fr)