En RDC, alors que des députés pro-Tshisekedi et d’autres de l’opposition veulent faire tomber le bureau de l’Assemblée nationale jusqu’ici contrôlé par le camp Kabila, des heurts entre militants des deux camps ont éclaté dans l’enceinte du Parlement. La tension est retombée dans la soirée.
Le bureau de l’Assemblée nationale piloté par Jeanine Mabunda ne va pas tomber ce mercredi soir. Le doyen désigné par les pétitionnaires a appelé au calme après une journée mouvementée. Il a proposé que les pétitions contre le bureau de l’Assemblée soient examinées jeudi. Ce mercredi soir, le siège du Parlement s’est vidé. Le calme est revenu, explique notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa
Pour la deuxième journée consécutive, la situation a été très tendue ce mardi à l’Assemblée nationale. Pick-ups, barrages… Des centaines de policiers ont été déployés dès ce matin. La tension s’est exacerbée lorsque Jean-Marc Kabund, le président intérimaire du parti présidentiel, l’UDPS, a rejoint dans l’hémicycle les députés réclamant la démission de la présidente pro-Kabila de l’Assemblée et de son bureau (l’instance collégiale qui dirige la chambre basse).
Pour les pétitionnaires comme Daniel Safu, ,il y a des blocages des dirigeants sur plusieurs dossiers : « Le travail et la production parlementaire souffrait d’une létargie irrationnelle. Il n’y avait pas l’intention de faire avancer les choses »
Chaises cassées, mobilier détruit… Une véritable bagarre rangée a éclaté à l’Assemblée nationale entre militants du président et ceux de son prédécesseur. Ceux du camp Kabila voulaient empêcher la tenue de la plénière censée examiner les pétitions déposées le week-end dernier. C’est officiellement le secrétaire général de l’Assemblée nationale, Jean Nguvulu, qui l’avait convoquée. Mais il y a une certaine confusion autour de ce qui est arrivé ces derniers jours.
Quorum atteint selon les pro-Tshisekedi
Malgré ces affrontements, le quorum était atteint pour les pro-Tshisekedi. Les proches du président de la République ajoutent même que les 279 députés sur 500 qui étaient présents dans l’hémicycle hier, selon les chiffres communiqués au cours de la plénière, sont prêts à les rejoindre. Derrière ces pétitions contre le bureau de l’Assemblée nationale, il y a les pro-Tshisekedi et une partie de l’opposition, mais pour atteindre ce chiffre. Il y avait aussi des députés FCC comme Solange Masumbuko qui explique sa présence : « Les aspirations de la population valent mieux que les aspirations de ma famille politique. »
Pour le Front Commun pour le Congo de Joseph Kabila, cette plénière a été convoquée et s’est déroulée d’une manière irrégulière, explique notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi. Le député Lambert Mende, cadre du FCC, estime même que le chiffre de 279 élus présents à la plénière n’est pas exact, étant donné que, selon lui, une centaine de députés FCC participaient, au même moment, à une autre réunion. Plus de 200 députés du camp de Joseph Kabila ont décidé de boycotter la séance du jour, tout en dénonçant le passage en force et accusant les signataires des pétitions d’être corrompus.
Imbroglio autour du secrétaire général de l’Assemblée nationale
Samedi, le FCC de Kabila disait que Jean Nguvulu avait été kidnappé par le camp présidentiel. Aujourd’hui encore, des membres de sa famille se plaignaient sur une radio locale de ne pas l’avoir vu depuis. Des témoins confirment l’avoir vu dans l’enceinte de l’Assemblée et les députés pétitionnaires assurent eux que ce sont les pro-Kabila qui l’ont séquestré.
Reste à savoir quelle sera la réaction du camp de Joseph Kabila qui dénonce l’illégalité de toute cette procédure. Mais déjà le bureau de l’Assemblée nationale dénonce ce qu’il qualifie de « coup d’État parlementaire ». Dans l’entourage de Jeanine Mabunda, on assure toujours que les élus pro-Kabila, officiellement près de 350, resserreront les rangs ce jeudi pour sauver l’actuel bureau. La famille politique de Joseph Kabila va, dans les heures et les jours à venir, organiser différentes réunion pour affiner sa stratégie.
Le bureau conjoint des Nations unies aux Droits de l’homme à Kinshasa « condamne fermement les violences dans l’enceinte et aux alentours du Palais du Peuple, incompatible avec les exigences d’une société démocratique ». (rfi.fr)