La victoire était attendue, cinq semaines après l’annonce. Joe Biden a été élu président des États-Unis par le collège électoral, réunissant 306 grands électeurs contre 232 pour le président sortant Donald Trump, l’exact inverse du résultat de la victoire de ce dernier en 2016. Les 55 grands électeurs de Californie, État de naissance de la future vice-présidente Kamala Harris, ont permis à Joe Biden de franchir le seuil des 270 voix nécessaires pour remporter l’élection. Le démocrate et Kamala Harris prêteront serment le 20 janvier prochain.
Joe Biden doit prendre la parole en début de soirée, heure locale, mais a déjà livré des extraits de son premier discours en tant que président élu par le collège électoral. Le mot d’ordre du démocrate : unité. «Ce qui bat dans le coeur du peuple américain est ceci : la démocratie. Le droit d’être entendu. Que votre vote soit compté. De choisir les dirigeants de cette nation. De gouverner nous-mêmes. En Amérique, les politiciens ne prennent pas le pouvoir : le peuple leur confère. La flamme de la démocratie a été allumée dans cette nation il y a bien longtemps. Et nous savons que rien, pas même une pandémie ou un abus de pouvoir, ne peut éteindre cette flamme», a-t-il prévu de déclarer, alors que Donald Trump refuse toujours de concéder sa défaite, malgré la soixantaine de défaites devant plusieurs tribunaux, dont la Cour suprême fédérale.
«Dans cette lutte pour l’âme de l’Amérique, la démocratie l’a emporté. Le peuple a voté. La foi en nos institutions a tenu. L’intégrité de nos élections est intacte. Maintenant, il es temps de tourner la page. De s’unir. De guérir. Comme je l’ai dit durant cette campagne, je serai un président pour tous les Américains. Je travaillerai aussi sûr pour ceux d’entre vous qui n’ont pas voté pour moi, que pour ceux qui l’ont fait», a promis le démocrate, qui a obtenu plus de sept millions de voix d’avance au vote populaire. «Il y a un travail urgent face à nous. Contrôler la pandémie en faisant vacciner la nation contre ce virus. Fournir une aide économique immédiate aux nombreux Américains qui souffrent et en ont un besoin grave, puis rebâtir notre économie encore meilleure qu’avant.»
Tensions dans le Michigan, Barr quitte ses fonctions
Si les mots de Joe Biden appellent à l’apaisement et à l’unité, la situation n’est pas sereine, puisque des élections «alternatives» ont lieu dans plusieurs États (Pennsylvanie, Géorgie, Michigan, Wisconsin, Arizona, Nevada, Nouveau Mexique), où des grands électeurs ont voté pour Donald Trump même si leurs votes ne comptent pas : dans la vaste majorité des États, le vainqueur de l’élection remporte toutes les voix. Autre signe de cette fébrilité, avec la fermeture du Capitole du Michigan : dans cet État largement remporté par le démocrate, où Donald Trump avait gagné de peu en 2016 et qui concentrait une partie de ses accusations sans fondement de fraude électorale, des «menaces crédibles de violence» ont contraint les autorités à fermer la Chambre et le Sénat. C’est déjà dans ce capitole situé à Lansing que des manifestants armés avaient irruption, en mai dernier, pour protester contre le confinement déclaré par la gouverneure Gretchen Whitmer pour endiguer la propagation du Covid-19. Cette dernière, démocrate, a fait l’objet d’un projet d’enlèvement par un groupe d’extrême droite, qui comptait la juger pour «trahison».
Paul Mitchell, élu du Michigan, a lundi demandé à ne plus être affilié au parti républicain, reprochant aux conservateurs de ne pas avoir reconnu la victoire de Joe Biden, alors que «le président et son équipe légale ont échoué à fournir les preuves d’une fraude ou d’une faille administrative» dans cette élection. Pour les trois semaines restantes de son mandat -il avait annoncé l’an dernier ne pas briguer un nouveau mandat-, Paul Mitchell sera considéré «indépendant» au sein de la Chambre des représentants.
Alors que les grands électeurs de Californie venaient d’officialiser la victoire de Joe Biden, Donald Trump a annoncé, dans un tweet, que son ministre de la Justice Bill Barr n’attendrait pas le 20 janvier pour quitter ses fonctions, mais le 23 décembre. Si le président sortant évoque «une rencontre très sympa» avec son futur ex-ministre, accompagnant son tweet d’une lettre élogieuse signée de ce dernier, elle montre bien que, à un peu plus d’un mois de la fin de son mandat, Donald Trump ne tolère aucune faille à sa ligne. Ces derniers jours, Bill Barr avait été la cible du milliardaire en refusant de corroborer ses accusations de fraude électorale puis lorsqu’il a été révélé qu’il savait, depuis des mois, que des enquêtes avaient été ouvertes à l’encontre de Hunter Biden, le fils cadet de Joe Biden. (ParisMatch)