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CPI. Deux miliciens centrafricains rejettent les accusations de crimes de guerre

Jugés depuis mardi par la Cour pénale internationale, deux ex-chefs de milices anti-balaka en Centrafrique ont nié toute implication dans les crimes de guerre et crimes contre l’humanité survenus lors de la guerre civile entre 2013 et 2014.

Premier jour de procès à la Cour pénale internationale (CPI) pour Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom. Ces deux ex-chefs de milices centrafricains ont rejeté, mardi 16 février, les accusations portées à leur encontre de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. 

Patrice-Édouard Ngaïssona, ancien ministre centrafricain des Sports, et Alfred Yekatom, surnommé « Rambo », sont jugés pour des crimes présumés commis en République centrafricaine lors de la guerre civile entre 2013 et 2014. 

Ngaïssona et Yekatom, détenus par la CPI respectivement depuis janvier 2019 et novembre 2018, sont notamment accusés de « meurtre, viol, torture, transfert forcé de population, persécution et autres actes inhumains ». 

« Je ne me reconnais pas dans les charges retenues contre moi, je ne suis pas coupable », a déclaré Patrice-Edouard Ngaïssona, 53 ans, au tribunal de La Haye.                  

Des preuves “au-delà de tout doute raisonnable »  

Alfred Yekatom, 46 ans, a donné une réponse similaire, affirmant que « ces chefs d’accusations sont incorrects ». 

La Cour basée à La Haye avait déterminé en décembre 2019 qu’il existait suffisamment de preuves pour ouvrir un procès à l’encontre des deux anciens chefs de milices anti-balaka, dont les affaires ont été jointes. 

L’ouverture du procès s’inscrit dans un contexte de troubles persistants en Centrafrique, où six des 14 groupes armés qui contrôlent deux tiers du pays ont lancé à la mi-décembre une offensive contre le régime du président Faustin Archange Touadéra. 

La Centrafrique est plongée dans une interminable guerre civile depuis qu’une coalition rebelle à dominante musulmane, la Séléka, a renversé en 2013 le président de l’époque François Bozizé, entraînant alors la création de groupes armés chrétiens connus sous le nom de milices anti-balaka, et qui disaient alors avoir pris les armes pour mettre fin aux exactions de groupes armés musulmans. 

« Cette journée est importante pour la justice », a déclaré devant la Cour le procureur Kweku Vanderpuye. 

« Les preuves dans cette affaire établiront la responsabilité pénale de Ngaissona et de Yekatom au-delà de tout doute raisonnable », a-t-il ajouté. 

Selon lui, les crimes qui leur sont reprochés sont d’une telle « ampleur qu’ils transgressent la nature même de notre humanité. »                  

“Une étape importante pour la justice”                    

Ngaïssona, aurait été « le plus haut dirigeant » des anti-balaka, selon la CPI. Il a été arrêté en France en décembre 2018 avant d’être transféré à La Haye.  

Il était à l’époque président de la Fédération centrafricaine de football et membre du comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF). En 2019, la Fifa l’a interdit « de toute activité liée au football » pour plus de six ans. 

Ngaïssona savait que la milice « ciblerait inévitablement la population civile musulmane dans l’ouest de la République centrafricaine », a affirmé le procureur Kweku Vanderpuye. 

 Yekatom, un député, a été le premier suspect à être remis à la CPI dans le cadre de son enquête sur la Centrafrique, ouverte en 2014. Toujours membre du parlement centrafricain, il est actuellement remplacé par un suppléant. Il « aurait commandé un groupe d’environ 3 000 » combattants anti-balaka, d’après la Cour. 

Yekatom les « a poussés à mener les crimes commis dans le cadre de l’attaque généralisée des anti-balaka », a déclaré Kweku Vanderpuye. 

L’ouverture du procès « est une étape importante pour la justice des victimes de crimes brutaux commis dans le dernier conflit en République centrafricaine », a déclaré dans un communiqué Elise Keppler, directrice adjointe de la section Justice internationale chez l’ONG Human Rights Watch, en marge de l’audience. 

Lors d’une audience de confirmation des charges en septembre 2019, un procureur de la CPI avait accusé les deux hommes d’avoir été impliqués dans une « campagne de violences et de terreur » contre des civils en Centrafrique. 

De par leurs anciennes fonctions – ministre des Sports pour l’un et chef de groupes armés pour l’autre -, Ngaïssona et Yekatom savaient que les milices sous leur contrôle « détruisaient des mosquées, décimaient des communautés, déportaient des musulmans, commettaient des meurtres et violaient des femmes et des enfants », avait martelé l’accusation. 

Un autre suspect centrafricain, Mahamat Said Abdel Kani, chef présumé de la Séléka, a été remis à la CPI par les autorités de Bangui fin janvier, également pour des accusations de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. 

La première série d’audiences dans ce procès doit se tenir jusqu’à vendredi. (France24)

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