Un sujet très attendu. Ce n’est pas le premier documentaire sur la légende brésilienne du football, mais par son accès privilégié à la star, la qualité de ses intervenants mais aussi à l’audience de Netflix, le film «Pelé», disponible sur la plateforme à partir de mardi, sera sans doute le plus remarqué. Le réalisateur Kevin Macdonald, oscarisé pour un autre documentaire, «Un jour en septembre», sur la prise d’otages des Jeux olympiques de 1972, est producteur exécutif de ce long métrage dont l’action englobe la période de 1958 à 1970. Entre ces deux dates, celle du premier sacre planétaire à 17 ans et du dernier triomphe au Mondial mexicain, Edson Arantes do Nascimento, son nom de naissance, est devenu l’idole d’un pays et a marqué à jamais son sport.
Son silence, voire sa docilité, à l’égard du pouvoir des militaires, évoqué
Les images d’archives, abondantes, seront l’occasion pour une bonne partie du public de découvrir ou redécouvrir le footballeur de génie qu’était Pelé, capable de changer le cours d’un match en une touche de balle. Mais l’équipe du film a aussi profité de la participation, rare, de l’ex-numéro 10 lui-même au projet pour sonder l’homme, qui se livre peu, et apparaît physiquement diminué. L’immense pression, les frustrations, les joies, les infidélités conjugales, les enfants cachés, Pelé donne un peu à voir de l’envers du décor, jusqu’à parler de ses rapports avec la dictature brésilienne.
Plus d’un demi-siècle plus tard, certains lui reprochent encore son silence, voire sa docilité à l’égard du pouvoir des militaires, arrivés aux affaires en 1964, pour y rester jusqu’en 1985. «Je ne pense pas que j’aurais pu faire quoi que ce soit de différent», dit aujourd’hui celui que l’on appelle encore le roi Pelé. «Je n’étais pas Superman. Je ne faisais pas de miracles». Le film rappelle que le gouvernement du général Emilio Garrastazu Medici l’a notamment poussé à participer à la Coupe du monde 1970 alors qu’il n’y tenait pas, échaudé par une blessure lors de chacune des deux éditions précédentes. Ce Mondial 1970 au Mexique, qui clôture le film, montre un Pelé sans certitudes, loin du personnage confiant au sourire indéfectible, survolant l’existence. Son sacre sera celui d’un homme fragile, qui fera triompher son équipe dans un rôle de soutien, «le plus beau moment de (sa) vie». (sport24.lefigaro.fr)