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CIV/Affaire Bouaké. Des témoins se remémorent le bombardement au premier jour du procès

Première journée d’audience lundi 29 mars à Paris au procès du bombardement de Bouaké. Le 6 novembre 2004, deux avions de l’armée ivoirienne ciblaient une base française dans cette ville de Côte d’Ivoire faisant 10 morts et 38 blessés. Les appareils étaient pilotés par des mercenaires biélorusses et assistés de copilotes ivoiriens. Cette journée a été consacrée à l’appel des témoins, au rappel des faits et aux premières auditions.

Gérard Moricard, ex-commandant de la brigade prévôtale de Bouaké, tente de « ramasser ses souvenirs malgré l’écoulement du temps » comme l’y enjoint le président. En deux mots, il brosse le contexte : la tension liée à l’offensive des forces loyalistes ; l’eau, l’électricité et le téléphone coupés. Lui est dans une autre emprise française, à 2 ou 3 km de distance du lycée Descartes, quand celui-ci est bombardé. Il lui faudra pourtant attendre plus de 3h pour s’y rendre. La foule s’est massée aux alentours, mais surtout, il reçoit l’ordre « d’attendre que l’espace aérien soit sécurisé ».

Le « chaos total »

Sur place, « c’était le chaos total, les militaires étaient sous le choc ». L’ex-commandant l’avoue : il s’est senti « bien seul […] sans aucune directive », car pendant 4 jours, toute communication lui est refusée. « Le seul téléphone satellite était celui du colonel » pointe-t-il, sibyllin.

Pour l’enquêteur, pas de doute : « une erreur de cible a vite paru totalement impossible, les pilotes savaient qu’ils frappaient les forces françaises. » En revanche, l’ex-commandant trouve « curieux » que « rien n’ai été tenté pour arrêter les pilotes biélorusses » dès leur retour sur l’aéroport de Yamoussoukro, où il se rend 4 jours plus tard.

« J’ai entendu le ressentiment de soldats qui disaient qu’il y aurait eu moyen de les arrêter. Ils s’étaient réfugiés dans un bâtiment sur l’aéroport. Ça aurait été facile, mais les ordres n’ont pas dû être donnés dans ce sens. Mais pour les remettre à q

« Que les ministres assument »

De son côté, Nicolas Bouron, était présent lors du bombardement. Des trémolos dans la voix, il raconte à la barre sa journée du 6 novembre. Le camp français qui se met en alerte au décollage des 2 Sukhoi, le bombardement inattendu, son corps propulsé en avant par l’impact des roquettes et sa tentative pour venir en aide à l’un de ses compagnons. Pour lui aussi, pas de doute, l’acte était complètement délibéré.

Qu’attend-il de ce procès ? La condamnation des accusés. « Mais ce qui m’aurait plus intéressé, ajoute cet ancien militaire qui a gardé des séquelles du bombardement, c’est que les ministres assument ». Or, il n’est pas encore acquis que les responsables politique de l’époque viennent témoigner.

« Cet après-midi, le fait d’avoir eu l’éclairage de la partie judiciaire – l’enquête faites par le ministère de l’Intérieur – nous a apporté des faits que l’on ne connaissait pas. Enfin, moi en tout cas. J’attends de voir si d’autres réponses sont apportés à mes questions dans les jours à venir ».

Jean-Pierre Raffarin, alors chef du gouvernement et Dominique de Villepin, ancien ministre de l’Intérieur n’ont pas encore confirmé leur venue. Michèle Alliot-Marie, l’ancienne ministre de la Défense, a fait savoir qu’elle ne souhaitait pas témoigner. Mais la cour entend la relancer. Car pour l’avocat-général, sa présence à ce procès est « tout à fait indispensable ».

Seul Michel Barnier, à l’époque ministre des Affaires étrangères, a confirmé à la cour sa présence. Une autre personnalité politique importante a assuré qu’elle serait bien là : il s’agit de Michel de Bonnecorse, à l’époque chef de la cellule Afrique de l’Élysée. (Rfi)

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