samedi, novembre 23, 2024
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Application de l’Accord d’Alger. Les propos de Bazoum qui fâchent !

Lors de son investiture comme président de la République du Niger, le vendredi dernier, Mohamed Bazoum, en plus d’avoir pointé un doigt accusateur sur le Mali comme source du malheur de son pays, a exprimé sa ferme volonté de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger. Or, le Dialogue National Inclusif dont les autorités actuelles du Mali ont promis de prendre en compte les résolutions, prévoit la relecture de ce document. Bazoum veut-il donc piétiner la position du peuple malien concernant cet accord ?

Si le président sortant de la République du Niger, Mahamadou Issoufou disait ses 4 vérités aux responsables des groupes armés dont la CMA, le nouveau, Mohamed Bazoum a déclaré ce que veulent entendre ces groupes. Il s’agit de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Un accord qui divise, depuis des années, le peuple malien. Lors de son investiture, le nouveau président du Niger, Mohamed Bazoum a clairement indiqué que la plupart des malheurs du Niger vient du Mali avant d’annoncer son intention à travailler pour la mise en œuvre de l’Accord d’Alger et même d’aller au-delà.

« S’agissant de l’EIGS, ce groupe criminel dirigé par des ressortissants des pays du Magreb a ses principales bases en territoire malien, dans les régions de Ménaka et de Gao. Le combat contre lui sera très difficile aussi longtemps que l’État malien n’aura pas exercé la plénitude de sa souveraineté sur ces régions. La situation actuelle du Mali a un impact direct sur la sécurité intérieure de notre pays. C’est pourquoi notre agenda diplomatique sera centré sur le Mali dans le cadre d’une coordination étroite avec les pays du G5 Sahel, l’Algérie, la France, les États-Unis et les autres membres permanents du conseil de sécurité notamment. Nous devons aider nos frères maliens à s’entendre, à mettre en œuvre l’accord d’Alger, à le dépasser même, à reconstituer pleinement leur État en vue de lutter efficacement contre le terrorisme », a déclaré, vendredi, le nouveau président de la République nigérienne, dans son discours d’investiture.

La position malienne piétinée

Jamais un document n’a autant divisé les enfants du Mali comme l’Accord d’Alger. Depuis sa signature, il suscite de débats houleux entre les pros et les antis. Pendant que certains le considèrent comme un moyen indispensable pour la sortie de crise au Mali, d’autres le considèrent comme un support de division du Mali. C’est pourquoi, la question a été évoquée et largement discutée au Dialogue national Inclusif. Et ce dialogue auquel les différentes forces vives de la nation ont participé, a recommandé la relecture de ce document. Comme en témoigne ce passage : « Procéder à une relecture de certaines dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation, selon les mécanismes prévus à l’article 65 dudit Accord ». Et de milliers de Maliens ont hâtent de voir appliquées les recommandations du DNI.

La position du président du Niger, quand on s’en tient à son discours, va à l’encontre de cette relecture. Il a juste exprimé son intention de travailler pour la mise en application de l’Accord. Sa position suscite beaucoup de questionnement chez les Maliens. Le président Mohamed Bazoum est-il en phase avec les autorités maliennes, elles qui ont promis de prendre en compte les résolutions du DNI parmi lesquelles la relecture de certaines dispositions de l’Accord ? S’il est en phase avec elles, alors quelqu’un ment aux Maliens. S’il n’a jamais échangé avec les nouvelles autorités maliennes sur cette question, sur quoi se base- t -il pour prétendre s’engager à l’application d’un document au moment où les autorités du Mali se sont engagées à le relire ? A-t-il oublié que le Mali est souverain ? Qui lui a donné ce mandat ? La communauté internationale ? Mohamed Bazoum n’a-t-il pas connaissance des résolutions et recommandations du Dialogue national inclusif ? N’est-il pas au courant que des millions de Maliens ont manifesté contre la mise en application en l’état de cet accord ?

Il est donc bon que le président de la République du Niger prenne aussi en compte la position du peuple malien sur la mise en application de cet accord. Même si les gens sont divisés, le DNI auquel toutes les composantes de la société malienne ont participé prévoit la relecture de ce document. Aller à l’application de l’Accord d’Alger contre la volonté du plus grand nombre des Maliens, c’est ouvrir la voie à une autre crise.

Mohamed Bazoum est donc sur une mauvaise voie et doit vite rectifier sa position.

Boureima Guindo

Source: Journal le Pays- Mali

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