dimanche, novembre 24, 2024
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Romane Dicko, étudiante et championne de judo

«Allô», la voix encore endormie, Romane Dicko décroche son téléphone. La judokate prend un repos bien mérité. Les jeux de Tokyo se sont terminés ce dimanche et son année scolaire est finie depuis mai. Cela lui ouvre une fenêtre de tir pour souffler. En effet, la jeune femme de 21 ans mène de front une licence de mathématiques à la Sorbonne et sa carrière de sportive de haut niveau. Un quotidien mouvementé dans lequel Romane s’épanouit pleinement.

Élève assidue et redoutable judokate

Romane s’intéresse au judo à 13 ans, en regardant les Jeux de Londres en famille. Son père l’invite à essayer, à la suite d’une interview de la Française Audrey Tcheuméo, alors médaillée de bronze, qui confie avoir débuté au même âge. «Un signe», interprète celle qui intégrera un cursus sport-études en classe de seconde. Romane se décrit comme bonne élève: «même malade, je tenais à aller en cours», rapporte-t-elle.

Pourtant, le rythme s’avère intense et la tentation de délaisser les études pointe parfois. «Après un entraînement particulièrement fatiguant, c’est compliqué de se motiver pour son devoir maison», avoue-t-elle. Mais pas question de flancher, surtout que là réside son sens, son équilibre. «Le sport et le lycée se complétaient, l’un représentait l’échappatoire de l’autre: lorsque le travail ne se déroulait pas comme je le souhaitais, j’oubliais sur le tatami et inversement», assure-t-elle.

Ce mode de vie requiert néanmoins des choix: pas de sorties. Mais elle ne perçoit pas ici de sacrifice: «je préfère consacrer mon temps libre à ma famille, mes proches». Son acharnement paye: en terminale, elle est sacrée championne d’Europe junior de judo. Elle prépare un bac S en parallèle, qu’elle obtient avec la mention assez bien.

Une licence de mathématiques aménagée

Son diplôme en poche, Romane est confrontée à un nouveau dilemme: continuer dans le supérieur ou s’investir totalement dans sa discipline. Là encore, arrêter ne constitue pas une option, surtout qu’elle connaît le caractère éphémère d’un parcours dans le sport de haut niveau, limité à 33 ou 34 ans, selon elle.

Elle enchaîne avec une licence de mathématiques, mais aménagée s’il vous plaît. La faculté La Sorbonne propose un programme adapté aux sportifs, en allégeant l’emploi du temps, doublant ainsi la durée de la licence. Ses journées se suivent et se découpent toujours de la même manière: entraînement le matin et en fin d’après-midi et, au milieu, les cours. Elle pratique le judo entre 15 et 20 heures par semaine et planche de 6 à 8 heures sur la même période.

L’étudiante aspire à l’ingénierie aéronautique, elle explique d’ailleurs que si le judo ne l’occupait pas autant, elle aurait tenté une classe préparatoire pour intégrer une grande école d’ingénieur. Elle réussit jusque-là ses examens, qu’elle réalise occasionnellement dans des situations extraordinaires, à distance depuis Israël ou le Japon. «Dans l’année, j’effectue environ un ou deux partiels à l’étranger, sur neuf épreuves en tout», énumère-t-elle.

Paris 2024 déjà en ligne de mire

Romane rencontre pourtant des difficultés pour son olympiade. Ses premiers jeux, Tokyo, dans la catégorie +78 kilos, se profilent et deux blessures successives, à l’épaule puis au genou, la freinent pendant une année. Malgré tout, elle s’acharne et n’oublie pas son objectif. Elle se sait «à la hauteur de l’enjeu». Elle ponctue ses phrases de rires francs, preuve qu’elle ne perd jamais sa bonne humeur.

Elle révèle néanmoins son exigence. Insatiable, Romane espérait l’or et se contente du bronze. «Il faut viser la lune pour atteindre les étoiles» ; philosophe la jeune femme. Mais la sportive prévient, ce n’est que partie remise: «cette troisième place me motive d’autant plus pour Paris 2024».

2024 signera également l’obtention de sa licence, si cela se passe comme prévu. Une année charnière, à l’issue de laquelle elle devra trancher sur la voie à emprunter: poursuite d’étude, métier traditionnel ou judokate à temps plein. Confiante, Romane Dicko s’en remet à son «feeling» pour la suite. (Le Figaro)

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