Le bilan provisoire du séisme de magnitude 7,2 qui a frappé samedi le sud-ouest d’Haïti s’est alourdi mardi à 1941 morts et plus de 9900 blessés, selon les services de protection civile du pays.
Des habitants trempés, épuisés, sans autre choix que d’uriner et déféquer dans des rues menacées d’inondations: le sud-ouest d’Haïti plonge d’heure en heure dans le chaos, les sinistrés de son récent séisme étant mardi démunis face aux violentes intempéries d’une nouvelle tempête tropicale.
Dans la ville des Cayes, plus de 200 personnes commencent à bâtir, sous un vent et une pluie persistants, des abris précaires sur un terrain de football inondé. Tous sont sinistrés du tremblement de terre de magnitude 7,2 de samedi, qui en quelques secondes a réduit en poussière des dizaines de milliers d’habitations. Au moins 1941 personnes ont été tuées, selon un bilan encore « très partiel » annoncé mardi par la protection civile haïtienne.
Quelque 9900 personnes ont été blessées par les secousses et leurs répliques. Dans les décombres, les secouristes ont extrait 34 personnes vivantes au cours des dernières 48 heures ont indiqué les autorités.
Risque d’inondations « majeures »
Au calvaire des sinistrés qui dorment dehors s’ajoutent mardi les averses charriées par la tempête tropicale Grace. Les précipitations risquent par endroits de provoquer « des inondations majeures », selon le Centre américain des ouragans, basé à Miami.
Dans ces conditions, les autorités haïtiennes ont appelé à une « extrême vigilance » à l’égard des maisons fissurées, qui pourraient s’effondrer sous le poids de la pluie.
Les Etats-Unis, qui ont évacué une quarantaine de personnes pour des soins urgents, ont affrété huit hélicoptères pour mesurer l’ampleur de la catastrophe via des images aériennes. Bricolant à la hâte des abris de fortune, les habitants sont dépités.
Chaos politique
Trempé par la pluie qui perdure, Vladimir Gilles tente de planter suffisamment profond quelques morceaux de bambou dans la pelouse pour protéger sa femme et son enfant.
Le Premier ministre Ariel Henry a bien décrété l’état d’urgence pour un mois dans les quatre départements affectés par la catastrophe. Mais le pays le plus pauvre du continent américain est confronté à un chaos politique, un mois après l’assassinat de son président Jovenel Moïse, compliquant encore sa gouvernance.
L’Unicef a estimé mardi que 1,2 million de personnes, dont 540.000 enfants, étaient affectées par la crise.
L’accès en eau reste aussi très restreint par endroits, comme dans la commune de Pestel, où plus de 1800 citernes sont fissurées ou écrasées, faisant craindre une dégradation des conditions sanitaires. Quelques mois après le terrible séisme de 2010, qui avait coûté la vie à 200.000 personnes, une mauvaise gestion des eaux usées dans une base onusienne avait facilité la propagation du choléra dans le pays. (Bfm Tv)