Dans quel but ? Le directeur de la CIA William Burns a eu un entretien confidentiel lundi à Kaboul avec le cofondateur des talibans, Abdul Ghani Baradar, rapporte ce mardi à midi le Washington Post. Depuis que le mouvement fondamentaliste a acquis le contrôle de la quasi-totalité du pays, le 15 août dernier, c’est la plus haute rencontre organisée entre les États-Unis et les talibans. L’agence Reuters a eu confirmation de ce tête-à-tête par deux sources concordantes, qui ont souhaité garder l’anonymat.
La décision du président américain Joe Biden de dépêcher à Kaboul William Burns, souvent présenté comme le plus chevronné de ses diplomates – il fut notamment ambassadeur des États-Unis en Jordanie et en Russie -, illustre la gravité de la crise pour son administration, alors que ses partenaires le pressent de repousser la date du retrait du 31 août, pour tenter d’évacuer le maximum de personnes de Kaboul d’ici là, et qu’une terrible course contre la montre est engagée.
Le mollah Abdul Ghani Baradar, qui dirigeait le bureau politique des talibans au Qatar, est le nouvel homme fort du régime qui a pris le pouvoir à Kaboul. La gouvernance du mouvement étant floue, le numéro 2 incarne depuis dix jours le pouvoir taliban et sa volonté de parler au reste de la communauté internationale.
Le Washington Post n’a pas révélé la teneur des discussions entre le chef taliban et le patron de la CIA mais l’auteur de l’article remarque sur Twitter l’ironie de la rencontre : c’est la CIA qui avait orchestré, conjointement avec le Pakistan, l’arrestation du mollah Baradar en 2010. Huit ans plus tard, il avait été relâché à la demande des Américains.
Selon l’agence de presse afghane Pahjwok, les talibans ont désigné le nouveau chef des services de renseignement. William Burns ne semble pas l’avoir déjà rencontré. (Le Parisien)