RWANDA/Génocide tutsi. Un ancien gendarme renvoyé aux assises

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La décision devait être rendue en mai, c’est finalement lundi qu’un ancien gendarme rwandais soupçonné d’avoir participé aux massacres de civils tutsis lors du génocide au Rwanda a eu la confirmation qu’il allait être traduit devant une cour d’assises.

Deux juges d’instruction du tribunal judiciaire de Paris ont ordonné lundi un procès pour « génocide, crimes contre l’humanité et participation à un groupement formé en vue de la préparation de ces crimes » à l’encontre de Philippe Hategekimana, naturalisé français en 2005 sous le nom de Philippe Manier, a précisé ce jeudi le parquet national antiterroriste (PNAT), qui traite aussi des crimes contre l’humanité.

Ancien adjudant-chef à la gendarmerie de Nyanza, dans la préfecture de Butare (sud), Philippe Manier, 65 ans aujourd’hui, est soupçonné du meurtre de dizaines de Tutsi, dont celui d’un bourgmestre qui résistait à l’exécution du génocide dans sa commune, Narcisse Nyagasazaet d’avoir « ordonné l’érection de barrières » sur les ressorts de plusieurs communes rwandaises, « en encourageant les civils présents à tuer les Tutsis », selon l’ordonnance des juges, dont l’AFP a eu connaissance. « Selon les témoignages, il donnait des ordres aux gendarmes qui s’exécutaient et participait lui-même aux opérations et aux attaques », écrivent les magistrates.

Le gendarme avait quitté le Rwanda après le génocide. Il était arrivé en France en 1999, où il avait obtenu le statut de réfugié sous une fausse identité. Domicilié dans la région de Rennes, il s’était reconverti comme agent de sécurité et avait été naturalisé français en 2005. Il avait quitté la France pour le Cameroun quelques mois avant son arrestation. Interpellé fin mars 2018 à Yaoundé et extradé un an plus tard, il a été mis en examen le 15 février 2019 et placé en détention provisoire.

Il conteste les faits qui lui sont reprochés. Ses avocats ont annoncé qu’ils allaient « attentivement analyser l’ordonnance de mise en accusation et déposer tous les recours nécessaires ».

Philippe Hategekimana-Manier est le 8e accusé renvoyé aux assises en France pour des crimes commis au cours de ce génocide, qui a fait plus de 800 000 morts selon l’ONU, essentiellement des Tutsis exterminés entre avril et juillet 1994. 33 plaintes ont été déposées par Dafroza et Alain Gauthier qui traquent depuis plus de 20 ans les responsables du génocide. (Le Parisien)