En mars dernier, la crise dans le Cabo Delgado s’est aggravée suite à l’attaque massive de la ville de Palma par les insurgés islamistes shebabs. Des milliers de personnes avaient alors fui vers le sud, espérant profiter de la sécurité du site gazier de Total. Ces dernières semaines, la situation sécuritaire s’est améliorée : des troupes rwandaises et de la SADC ont été déployées dans la région. Certains déplacés commencent donc à rentrer. Reportage à Quitunda avec ceux qui ont décidé de rester dans le camp, ou n’ont plus les moyens de partir.
Ismail ne se souvient plus depuis combien de temps il a quitté son village près de Palma mais les atrocités des shebabs sont restés gravées dans sa mémoire. « On les a vu nous attaquer. Après nous avoir envahis, ils ont commencé à tuer les gens, à les couper en morceaux et à les étaler au milieu de la route pour qu’on les reconnaisse en passant. Je ne sais pas pourquoi ils font ça. »
Ismail estime qu’il est trop tôt pour rentrer, même s’il pense que la situation sécuritaire s’est améliorée depuis l’arrivée du contingent rwandais. Selon une source locale, le camp de Quitunda abritait plus de dix mille personnes il y a un mois. Aujourd’hui, la majorité d’entre elles seraient déjà parties. Les forces rwandaises, de leur côté, assurent avoir rapatrié 1000 déplacés.
Dans le camp, beaucoup dénoncent des conditions très précaires. Chomari et sa famille peinent à survivre. « Ici, la vie est très dure. On n’a rien à manger. Les enfants n’ont pas d’habits et ils ont faim. Mon mari ne peut rien faire. Il reste assis à la maison toute la journée parce qu’il a peur de sortir. »
L’accès des organisations humanitaires reste compliqué dans certaines zones du Cabo Delgado. En début de semaine, des kits alimentaires et d’hygiène d’urgence ont été distribués à 2 000 familles à Palma. C’était la première aide humanitaire acheminée dans la ville depuis l’attaque des shebabs il y a six mois.
En quatre ans, la crise du Cabo Delgado représente plus de 3 000 morts et 800 000 déplacés. (rfi.fr)