Au Burkina Faso, le procès des présumés assassins du président Thomas Sankara et de ses douze collaborateurs assassinés est entré dans le fond. Un accusé, qui est l’un des hommes-clés des évènements du 15 octobre 1987, a reconnu les faits mais au tribunal, il a dit ne pas se souvenir de tous ses faits et gestes le jour du coup.
Accusé d’avoir donné la mort avec préméditation en concertation avec Hyacinthe Kafando, et de complicité d’attentat à la sûreté de l’État, le soldat de première classe Élysée Ilboudo était au moment des faits conducteur au sein de la garde rapprochée de Blaise Compaoré.
« Je reconnais les faits », répond l’accusé à la barre suite à la présentation des charges contre lui. Il explique que le 15 octobre, le commando est parti du domicile de Blaise Compaoré à bord deux véhicules sur instruction de l’adjudant-chef Hyacinthe Kafando. « Au Conseil de l’entente, on a fait une escale au pied-à-terre de Blaise Compaoré. Hyacinthe et les autres sont montés dans un appartement et redescendus », poursuit le soldat.
Dans son récit, Élysée Ilboudo précise que Hyacinthe Kafando s’est saisi de la direction de son véhicule et a dirigé celui-ci contre l’entrée du bâtiment où le président Sankara était en réunion. « Quand le véhicule a défoncé la porte, Hyacinthe et ses hommes sont descendus et ont ouvert le feu dans le désordre tuant l’un des gardes du président Sankara poursuit l’ex-chauffeur de Blaise Compaoré. » Puis l’accusé poursuit : « Le président Thomas Sankara est sorti a demandé ce qui se passait. En guise de réponse, Hyacinthe Kafando et ses hommes ont tiré sur lui ».
« Quels types d’armes et de munitions aviez-vous utilisé ? » demande ensuite le parquet militaire. « Je ne sais vraiment pas. On avait des kalashnikovs et des pistolets automatiques », rétorque l’accusé qui avait 28 ans au moment des faits.
Selon le parquet, les résultats d’analyse après les exhumations ont montré qu’il s’agissait des munitions incendiaires, explosives et ordinaires qui ont été utilisées durant le coup d’État.
■ L’ancien ministre français Jack Lang prêt à témoigner
Une liste d’une soixantaine de témoins avait été déterminée par la cour lundi. Parmi les noms qui y figurent, trois personnalités françaises dont Jean-Christophe Mitterrand, fils de l’ancien président et alors son conseiller aux affaires africaines, Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères, et Jack Lang, ancien ministre de la Culture. Contactés par RFI, les intéressés ou leur avocat ont affirmé ne pas avoir été informés de leur convocation. Pourtant, Jack Lang se dit disposé à répondre aux questions de la cour. (rfi.fr