mercredi, novembre 27, 2024
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SOUDAN/Putsch. Abdel Fattah al-Burhane, de l’ombre aux commandes du pays

Depuis deux ans à la tête du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah al-Burhane s’impose aujourd’hui, après le coup d’Etat militaire, comme l’homme fort du pays, d’un côté conspué, de l’autre acclamé.

Il est l’homme fort du pays depuis deux ans et a désormais l’avenir du Soudan entre les mains. Le général Abdel Fattah al-Burhane, qui était à la tête des autorités de transition avant leur dissolution, incarne le pouvoir militaire dans ce pays, conspué par les uns et réclamé à grands cris par les autres.

Lundi matin, après des semaines de tensions entre militaires et civils qui se partagent le pouvoir depuis la destitution de l’autocrate Omar el-Béchir en 2019, l’armée a arrêté la quasi-totalité des dirigeants civils, notamment le Premier ministre Abdallah Hamdok. Plusieurs heures après ces arrestations, le général al-Burhane est apparu à la télévision d’Etat, décrétant l’état d’urgence dans l’ensemble du pays et promettant la formation d’un nouveau gouvernement pour « corriger le cours de la transition ».

Dans la rue depuis des jours, le nom de cet homme de 61 ans était sur toutes les lèvres. Pour les partisans d’un pouvoir civil, il est celui qui veut refaire du Soudan le pré carré de l’armée et pour ceux qui veulent un « gouvernement militaire », il est l’homme providentiel. Aujourd’hui, il assure toujours vouloir mener le pays – l’un des plus pauvres du monde – vers un gouvernement civil après des élections fin 2023. Mais pour le faire, il a dit avoir dû dissoudre toutes les autorités en place « avec le mandat du peuple ».

Des coulisses aux projecteurs

Après avoir joué pendant des années un rôle clé mais très discret dans l’armée soudanaise, il est sorti de l’ombre le 12 avril 2019 en prenant les commandes du Conseil militaire de transition, au lendemain de la chute d’Omar el-Béchir, renversé après des mois de contestation populaire. Plus exposé médiatiquement, il a raconté à la BBC comment il a annoncé son éviction à Omar el-Béchir : « Je suis allé le voir et je lui ai dit : ‘Les dirigeants des forces armées ont décidé que la situation devenait hors de contrôle et que vous devez vous retirer' ». L’intéressé lui aurait simplement répondu « ok ».

A ce poste, il remplace le général Awad Ibn Ouf, qui avait été nommé le jour de la destitution du président, le 11 avril. Mais, face à la pression de la rue, ce militaire qui incarnait le régime destitué et ses trente années de règne sans partage avait vite jeté l’éponge. L’un des principaux atouts d’Abdel Fattah al-Burhane, qui est issu des mêmes académies qu’Awad Ibn Ouf, fut alors son anonymat quasi absolu : il « n’a jamais été sous le feu des projecteurs », dit de lui un officier soudanais s’exprimant sous couvert d’anonymat.

Un costume de chef d’Etat

Après plus de deux années de transition, il a désormais pris l’habitude des projecteurs et enfilé un costume s’apparentant à celui d’un chef d’Etat. C’est lui qui a reçu dernièrement une invitation de Paris pour participer à un sommet sur la Libye prévu à la mi-novembre et c’est lui encore qui reçoit les responsables étrangers en visite au Soudan pour discuter de l’avenir du pays.

Le général Burhane, toujours en uniforme kaki, béret sur la tête et galons biens en vue, apparaît régulièrement flanqué de son numéro deux au Conseil de souveraineté, Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemedti », commandant des paramilitaires des puissantes Forces de soutien rapide (RSF) accusées d’être impliquées dans la répression de la révolte de 2019.

Durant sa carrière, le général Burhane, un temps attaché de Défense à Pékin, a surtout été « un très haut gradé de l’armée, un commandant qui sait mener ses troupes », assure l’officier soudanais.

Des liens solides à l’étranger

Né en 1960 à Gandatu, un village au nord de Khartoum, et d’une famille « plutôt pieuse », selon TV5 Monde, Abdel Fattah al-Burhane a fait des études dans une école de l’armée, puis en Egypte et en Jordanie. Il est marié et père de trois enfants.

Depuis sa désignation à la tête des autorités de transition, il a encore renforcé ses liens avec les soutiens régionaux de l’armée soudanaise, en se rendant en Egypte, dirigée par un ancien maréchal, Abdel Fattah al-Sissi, mais également aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite, deux pourvoyeurs d’aides financières cruciales. Alors chef d’état-major adjoint des opérations des forces terrestres, il a en effet coordonné l’envoi des troupes soudanaises au Yémen, où elles participent à la coalition menée par l’Arabie saoudite, contre les rebelles chiites houthis.

Il signe également en octobre 2020 un accord de normalisation des relations avec son ennemi historique, Israël, bien qu’elle soit une décision impopulaire, vécue comme une trahison à la « cause panarabe » et aux Palestiniens. (l’expresse)

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