mardi, avril 16, 2024
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Le QATAR épinglé par Amnesty International à un an du Mondial 2022

L’organisation humanitaire estime que les progrès réalisés ces dernières années par l’émirat sur les conditions de vie et de travail des employés migrants sont au point mort, à un an du début de la Coupe du monde de football.

La polémique est née dès les premiers coups de pioches pour l’édification des stades de la Coupe du monde 2022. Les conditions de vie et de travail des ouvriers de ces chantiers, essentiellement originaires du Bangladesh et du Népal, ont été dénoncées par plusieurs syndicats internationaux et organisations humanitaires, dont Amnesty International, qui publie chaque année son « Reality Check » sur le Qatar depuis cinq ans. Dans son dernier rapport, publié ce mardi 16 novembre, elle estime que les progrès engagés par les autorités pour améliorer le sort des travailleurs « sont au point mort depuis un an, et que les anciennes pratiques abusives ont refait surface ».

Amnesty International n’appelle pas au boycott de la compétition et ne fait pas d’enquête pour évaluer le nombre de morts, mais elle estime, tout comme les experts de l’Organisation internationale du travail (OIT) présents sur place, que 70% des décès sur les chantiers ne sont pas étayés et ne sont donc pas reliés aux conditions de chaleur extrêmes du pays. « Six cas ont été documentés et d’autres sont à venir », insiste une porte-parole.

6.500 morts en 10 ans

Le coût humain de ces chantiers a été régulièrement dénoncé par plusieurs organisations internationales et dans un article du quotidien britannique The Guardian, qui évoquaient, en début d’année, le décès de 6.500 ouvriers sur dix ans. Hassan al-Thawadi, le patron du comité d’organisation de la Coupe du monde 2022, réfute l’accusation. Ce chiffre, selon lui, n’inclut pas seulement des ouvriers et il avance le bilan de 37 morts liés aux chantiers de construction des stades. « Nous menons une enquête approfondie sur chaque décès, assure-t-il, nous regardons son état de santé avant la mort, sa médication, les circonstances de l’accident. Nos enquêtes vont au-delà de ce qui nous est demandé. » Les évolutions des conditions de travail des employés sont suivies de près par les représentants de l’OIT, présents sur place depuis 2013.

« La relation était plutôt combative au départ, raconte Max Tuñón, chef du bureau de l’OIT à Doha. Mais elle est très bonne, très ouverte aujourd’hui. Le Qatar est en train de fixer les standards pour la région ». Parmi les réformes entreprises, le gouvernement a supprimé la Kafala, un système d’exploitation qui lie le travailleur à son employeur. L’employé n’a plus besoin de son autorisation pour changer de job, son passeport ne peut plus lui être enlevé, il bénéficie d’un salaire minimum d’environ 240 euros par mois auxquels s’ajoutent près de 200 euros d’indemnités de logement et de repas. Les syndicats sont interdits mais les employés peuvent élire des représentants chargés de transmettre leurs doléances. Une révolution pour les entreprises locales. « Mais la Coupe du monde ne doit pas être la ligne d’arrivée », martèle Max Tuñón.

Craintes de retour à l’ancien système

Dans son rapport, Amnesty International met en garde contre les tentations réactionnaires d’une frange de la population qatarienne. « Sur le terrain, les réformes ne sont pas toujours mises en place et beaucoup d’entreprises veulent revenir à l’ancien système », accuse Lola Schulmann, chargée de plaidoyer à Amnesty International. Les ouvriers des stades sont particulièrement surveillés, tant par les ONG que par l’OIT. Mais le sort des centaines de milliers de travailleurs immigrés présents dans l’émirat demeure incertain selon Amnesty International, notamment celui des employés domestiques ou des travailleurs dans les secteurs de l’hôtellerie et de la sécurité. L’organisation estime que des pans entiers de la Kafala restent en vigueur et cite notamment le cas d’Aisha, qui travaille dans l’hôtellerie, et affirme « avoir été menacée par son patron lorsqu’elle a refusé de signer un nouveau contrat avec lui et a demandé à changer d’employeur ». Il reste un an au Qatar pour se rendre irréprochable. (Challenges)

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