Depuis le début de la semaine, pour la célébration des seize jours d’activisme contre la violence basée sur le genre, des étudiants venus des six provinces de Madagascar organisent ateliers et débats dans la capitale, Antananarivo.
Les jeunes Malgaches se mobilisent contre les violences basées sur le genre. Venus de Diego Suarez, de Fianarantsoa ou encore de Majunga, ces jeunes sont la Génération Miralenta ou « génération égalité des genres ».
Pour Nirina Hasimpandresena, étudiante en droit public à l’Université de Tuléar, dans le sud-ouest de l’île, ce sont ces violences du quotidien et de certaines traditions de sa région qui l’ont poussée à s’engager : « Dans le Sud, on ne considère pas du tout les femmes. Elles ne peuvent même pas prendre la parole lors des réunions dans des villages. Il y aussi ces traditions : on oblige les petites filles de 12 ans, voire moins, à se marier avec un vieux pour que les parents puissent avoir des bœufs, de l’argent. C’est comme si c’était normal que les petites filles de 12 ans tombent enceintes et ne savent pas qu’elles sont victimes justement de cette violence ».
Soutenus, notamment, par l’association Opaly, ces étudiants veulent faire entendre leurs voix et leurs solutions auprès des responsables étatiques pour lutter contre l’inégalité de genre sur la Grande Ile. C’est ce qu’ils ont entrepris jeudi lors d’une table ronde à l’Institut français de Madagascar. Dans le pays, près d’une femme sur quatre est victime de violences physiques perpétrées par son mari ou son conjoint, d’après une étude de l’Institut national de la statistique réalisée 2018.
« Un frein au développement du pays »
L’une des clés applicables à chaque province pour faire bouger les lignes est l’implication des autorités coutumières, explique Tsizaza Rogand, étudiant à l’Université de Tamatave, ville portuaire de l’Est du pays : « La violence basée sur le genre ou bien les questions d’inégalités homme-femme, c’est un frein au développement du pays. Il faut décrier surtout les autorités traditionnelles sur les questions des violences basées sur le genre, parce qu’ils sont influents dans leur milieu ».
Devant des représentants des ministères de la Jeunesse et de celui de la Population, de la Protection sociale et de la Promotion de la femme, ces jeunes, qui estiment leur parole encore trop peu écoutée par le gouvernement, ont soumis leurs solutions à appliquer dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, de la santé et de la justice climatique pour lutter contre ces violences basées sur le genre.
Une vision qu’ils espèrent prise en compte dans la politique nationale pour l’égalité femme-homme en cours d’élaboration. (rfi.fr)