vendredi, mars 29, 2024
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«Lingui, les liens sacrés», une merveille venue du Tchad

Plus un métal est rare, plus il est précieux. L’Afrique donne rarement des nouvelles par le cinéma. Chaque film tient du miracle, surtout venu du Tchad. De ce point de vue, « Lingui, les liens sacrés », c’est de l’or. Même si Mahamat-Saleh Haroun n’a pas remporté la Palme d’or 2021 à Cannes, où son film nous a éblouis.

Pas même le Prix du Jury, comme en 2010 pour le cinéaste tchadien avec « Un Homme qui crie ». Deux femmes qui se battent, cette fois. Seules, envers et contre tout, dans les faubourgs de N’Djamena où règnent machisme, islam rigoriste et hypocrisie qui néantisent les femmes. Amina, mère célibataire, récupère des pneus pour en faire des paniers décoratifs qu’elle hisse en pyramide sur sa tête et vend dans la rue. Dès les premiers plans, on est emporté par la beauté visuelle de ce film limpide, à l’image pure comme un ciel dégagé d’après la pluie : l’ocre des rues, les lumières des Mobylette d’un autre temps dans la nuit noire de la grande ville. Et par la manière dont deux héroïnes d’un film qui dénonce l’emprise religieuse, de l’excision à l’exclusion, se découpent avec une dignité et une élégance extraordinaires. Notre Palme du cœur On a le souffle coupé. Et le cœur brisé. Amina n’a aucune chance parce que c’est une fille-mère. Et voilà que sa fille unique adolescente, à son tour, a des problèmes… Un destin qui se répète. Des hommes toujours absents pour aimer, toujours là pour castrer, enfermer, exciser, violenter, profiter. La démonstration est visuelle, narrative, sans la moindre lourdeur : ainsi va la vie, malheureusement, dans des terres désertées par la moindre possibilité de se libérer. Mais aucune défaite. Amina et sa fille se heurtent, se cognent l’une contre l’autre avant de faire front. Tout passe par des petits riens. Pur cinéma que cette manière de montrer la tendresse d’un chaton et d’un jeune chien dans un foyer particulier, isolé, cerné, qui n’a rien, sauf son courage indomptable et ses « Liens sacrés ». À Cannes, on écrivait que le film pouvait viser très haut. Tant pis s’il a été oublié au tableau d’honneur. Palme du cœur. « Lingui, les liens sacrés », drame tchadien de Mahamat-Saleh Haroun (2021), avec Achouackh Abakar, Rihane Khalil Alio, Youssouf Djaoro… (1 h 27). (Le Parisien)

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