Face à la raréfaction de la ressource en mer, le Ghana veut développer l’élevage en eau douce encore très artisanal.
On l’ignore quelque peu, mais le Ghana n’est pas seulement avec la Côte d’Ivoire le pays du cacao, c’est aussi celui du poisson. La population en consomme 26 kilos par habitant et par an, ce qui en fait le plus gros consommateur de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). La consommation de poissons assure plus de la moitié de l’apport en protéine animale des Ghanéens. Mais il y a une ombre au tableau : près de la moitié des 750 000 tonnes de poissons consommés est importée.
Face à la raréfaction de la ressource en mer, qui a chuté de moitié entre 2000 et 2014, le Ghana veut développer l’aquaculture qui, pour l’heure, n’assure que 12% de la production nationale, soit environ 50 000 tonnes. Le pays a des atouts : un climat propice à l’élevage, une eau abondante et de qualité et une forte production agricole pour approvisionner l’industrie des aliments pour poissons.
Un secteur artisanal
Mais l’aquaculture reste une activité d’appoint pour les agriculteurs qui n’y voient pas un business. Selon une étude de 2012 du ministère de l’Agriculture, le secteur est essentiellement composé de petites structures artisanales et seulement sept piscicultures étaient jugées de niveau commercial.
Le 10 décembre 2021, la ministre du Développement de la pêche et de l’aquaculture a donné le premier coup de pioche de la construction d’un centre spécialisé. A la fois lieu de formation et ferme piscicole à vocation commerciale, le projet d’un coût de près de dix millions de dollars devrait être opérationnel début 2023. Il compte former 300 pisciculteurs en cinq ans et sortir à cet horizon 50 000 tonnes de poissons de ses bassins.
Actuellement, l’élevage s’intéresse à deux espèces, le silure et le tilapia. Mais la production est freinée par deux problèmes. D’une part les pisciculteurs peinent à s’approvisionner en granulés standardisés. Les meilleures qualités sont importées d’Amérique du Sud, d’Asie, à des prix élevés. Et les petites piscicultures se tournent vers une production locale à base d’huile de palme et d’épluchures de manioc, faibles en nutriments, qui impacte les rendements.
Poisson-chat et tilapia
D’autre part, les alevins de tilapia sont rares et donc chers. Un seul alevin peut coûter 40% du prix de vente du poisson adulte. Un manque de rentabilité qui freine le développement des élevages. Dans ce domaine, le Ghana met en place un programme pour produire des alevins en nombre et de faible coût toute l’année. L’objectif est de parvenir à descendre le prix d’un alevin entre 2 et 7% du prix de vente du poisson adulte.
L’autre axe de développement repose dans l’élevage du silure. Star de l’aquaculture au Nigeria voisin, le poisson-chat peut conquérir aussi le Ghana. Il est particulièrement bien adapté à une production massive avec peu de moyens. Un modeste bassin de la taille d’une piscine privée peut produire 150 kilos de poissons par m³ tous les six mois. Il peut donc être élevé en périphérie des villes à proximité des marchés.
La FAO compte beaucoup sur l’aquaculture pour protéger les populations de la malnutrition. 2022 a été déclarée année des pêcheries artisanales et de l’aquaculture. (franceinfo)