L’ONG de défense des droits humains accuse les autorités égyptiennes d’avoir encore expulsé une trentaine d’Erythréens ces derniers mois vers leur pays d’origine où ils risquent la torture.
L’Egypte a expulsé une trentaine de demandeurs d’asile érythréens depuis octobre 2021, parmi lesquels des enfants, a déclaré le 27 janvier 2022 l’ONG Human Rights Watch (HRW). Elle accuse les autorités égyptiennes de les avoir détenus « dans des conditions inhumaines », indique dans un rapport Joe Stork, directeur adjoint de l’organisation pour le Moyen-Orient.
Des conditions inhumaines
« L’Egypte devrait protéger les demandeurs d’asile plutôt que de les expulser vers un pays où ils risquent la torture ou l’enrôlement de force dans l’armée. « Joe Stork, directeur adjoint de Human Rights Watch, à l’AFP
Citant des militants érythréens vivant en Egypte, l’ONG rapporte que le 24 décembre dernier, 24 demandeurs d’asile érythréens, parmi lesquels six enfants et sept femmes, ont été expulsés vers leur pays sans que leur demande d’asile ne soit examinée. Toujours selon HRW, ces Erythréens étaient « détenus arbitrairement dans des conditions inhumaines depuis des mois, dans des cellules surpeuplées, privés de nourriture et de médicaments ».
Les militants érythréens accusent la police égyptienne de collaborer avec l’ambassade érythréenne pour ces retours forcés. « Des diplomates (érythréens) les ont obligés à signer des documents en arabe qu’ils ne pouvaient pas lire et qui sont sûrement liés à leur expulsion » vers leur pays d’origine où les hommes et les femmes de moins de 50 ans doivent accomplir leur service militaire parfois pendant des années, ajoutent-ils.
Au moins 20 000 réfugiés érythréens
Selon l’ONG égyptienne Refugees Platform, citée par l’AFP, les autorités continuent d’arrêter des migrants érythréens et des dizaines d’entre eux seraient actuellement détenus à Assouan, au sud de l’Egypte.
Si le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) recensait plus de 20 000 réfugiés et demandeurs d’asiles érythréens en Egypte en 2021, leur nombre est sûrement plus élevé car beaucoup ne se font pas enregistrer officiellement.
Avec la guerre civile en Ethiopie et un coup d’Etat au Soudan, les deux principaux pays voisins de l’Erythrée, beaucoup d’Erythréens qui s’y étaient réfugiés pour échapper au service militaire sont désormais passés en Egypte.
A la mi-janvier 2022, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait pourtant assuré à la presse que son pays prenait grand soin des migrants. Mais l’Egypte est régulièrement épinglée pour ses conditions de détention en général, les défenseurs des droits humains faisant régulièrement état de « torture », « mauvais traitements » et « détention d’enfants » dans les lieux de privation de liberté. (franceinfo)