BURKINA FASO. Le tribunal militaire suspend le procès dans le dossier Sankara

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Les avocats des parties civiles ont demandé et obtenu cette décision après des heures de débats. Ils s’inquiètent des décisions que pourraient prendre le tribunal suite à la suspension de la Constitution par la junte militaire. Selon les parties civiles et une partie des avocats de la défense, tant que la Constitution est suspendue, il n’y a pas de sécurité juridique sur la suite du procès.

Une position partagée par tous les accusés, parmi lesquels le général Gilbert Diendéré, présent dans la salle d’audience. Ce lundi matin, ce sont les avocats des parties civiles qui ont d’abord pris la parole après le président de la chambre.

Maître Prosper Farama a demandé cette suspension de l’audience. « Nous nous posons des questions sur les conséquences de la suspension de la Constitution sur la suite de la procédure. » Avec des arguments juridiques, l’avocat explique que le procès doit se tenir dans le respect des droits de tout le monde. « L’article 131 de la Constitution stipule que le chef de l’État est le garant de l’indépendance de la justice. Or, poursuit l’avocat, cette Constitution a été suspendue. »

« Les garanties prévues par la Constitution n’existent plus, nous prenons le risque de jeter un discrédit sur la suite de ce procès, après trente-quatre ans d’attente, ajoute maître Anta Guissé. C’est une sécurité juridique que nous souhaitons », dit-elle.

Du côté de la défense, certains avocats disent s’en tenir à cette décision du président de la chambre. Cette tendance est majoritaire. Selon ces avocats, le tribunal a dit le droit.

La deuxième tendance s’opposait à cette suspension de l’audience. La suspension de la Constitution ne met pas fin à la vie de la nation, précise l’avocat d’un accusé. Pour le parquet militaire, ce débat est plus politique que juridique. « Aucune suspension de la Constitution ne peut empêcher la suite du procès », soutient le parquet.

Après deux heures de débat entre les différentes parties, le président a donc décidé de suspendre l’audience et elle reprendra avec le rétablissement de la Constitution. (rfi.fr)