Vladimir Poutine a annoncé mettre les forces de dissuasion russes en alerte. Un acte condamné par les pays occidentaux. Si certains y voient une vraie menace, d’autres estiment qu’il s’agit surtout d’un coup de bluff de la part de la Russie.
Moscou a brandi la menace nucléaire face aux sanctions économiques des Etats-Unis et de l’Union européenne ce week-end. Le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé dimanche « mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte ».
« J’ordonne au ministre de la Défense et au chef d’état-major de mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat », a déclaré Vladimir Poutine lors d’un entretien avec ses chefs militaires retransmis à la télévision.
Les forces de dissuasion russes sont un ensemble d’unités dont le but est de décourager une attaque contre la Russie, « y compris en cas de guerre impliquant l’utilisation d’armes nucléaires », selon le ministère de la Défense. Ces forces sont équipées de missiles, de bombardiers stratégiques, de sous-marins et de navires de surface. Sur le plan défensif, elles comprennent un bouclier anti-missile, des systèmes de contrôle spatial, de défense antiaérienne et antisatellite. Selon un institut de recherche suédois, plus de 6000 armes nucléaires composent l’arsenal russe. Selon des experts, ces armes peuvent être déclenchées en dix minutes.
C’est une menace nucléaire donc. Certains y voient même la pire crise géopolitique depuis celle de Cuba en 1962. Cette menace fait peur, c’est un tournant dans cette guerre. Cependant, est-elle réelle ou est-ce simplement un coup de bluff ?
Selon plusieurs spécialistes, même s’il faut prendre la déclaration au sérieux, on se rapprocherait davantage d’un coup de bluff. Une sorte de sur-escalade pour forcer les pays occidentaux à faire redescendre la tension. Le but ici serait de décourager tout soutien économique et militaire à l’Ukraine.
Mais pour Alain Bauer, professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers, responsable du pôle sécurité, défense, renseignement, criminologie, il faut quand même s’inquiéter de la force de dissuasion nucléaire russe.
« C’est une force active et non défensive. Les Européens considèrent que la violence est le dernier refuge de l’incompétence, pas les Russes. Eux considèrent que la violence est un élément naturel de la dissuasion, de la discussion, de la négociation. Et en fait ils avancent jusqu’au moment où on les arrête. Tant qu’il y a un ventre mou face à eux ils continuent parce que c’est comme ça, c’est dans leur logique”, explique-t-il.
Les Occidentaux ont rapidement condamné cette menace. Pour le Premier ministre britannique, Boris Johnson, « Poutine cherche à attirer l’attention ». Les Etats-Unis, eux, dénoncent une « escalade inacceptable ». (Rmc)