Le premier producteur de brut africain, le Nigeria, fait face depuis près d’un mois à une inquiétante pénurie d’essence. C’est l’importation d’une importante quantité d’essence frelatée par quatre négociants qui a conduit à cette situation selon la compagnie pétrolière nationale (NNPC). Malgré les efforts pour retirer ce produit contaminé du marché et les promesses des autorités, la situation ne s’améliore pas, les nigérians sont obligés de patienter des heures dans de longues files d’attente pour s’approvisionner.
Sur Awolowo Road, la circulation est quasiment à l’arrêt. Les stations service qui bordent cette avenue située dans le quartier huppé d’Ikoyi sont prises d’assaut, créant d’immenses bouchons.
Issah est chauffeur de moto, il observe les policiers armés qui essaient d’organiser le trafic: « Dans toute la ville, c’est très difficile de trouver de l’essence. Si tu veux de l’électricité chez toi, faire fonctionner ta voiture, il faut faire la queue. Il y a des gens ici depuis 4h du matin, ils dorment ici ! Tout est bloqué. »
Des stations service qui gonflent les prix
Les effets de cette pénurie sont désastreux pour l’économie, alors que les travailleurs doivent patienter plusieurs heures sous un soleil de plomb pour espérer atteindre la pompe.
Certaines stations services indépendantes en profiteraient aussi pour faire gonfler leurs prix, selon Clément qui commence à s’énerver: « Nous sommes producteur de pétrole mais nos dirigeants se moquent du peuple. Ça fait cinq heures que j’attends… il fait trop chaud et il n’y a pas d’essence ! On ne compren
pas ce qu’il se passe dans ce pays ! »
Éviter la revente sur le marché noir
Pour tenter de limiter la revente d’essence au marché noir, les stations services refusent désormais de remplir les jerricanes et il devient difficile d’alimenter les groupes électrogènes.
« J’ai déjà fait la queue deux heures ce matin, mais j’ai dû partir avant d’avoir atteint la pompe comme je devais aller chercher les enfants à l’école avant de revenir, explique Sunday, qui travaille comme chauffeur pour une famille. Donc c’est la deuxième fois aujourd’hui que je fais ça. Certains vendent du carburant au bord de la route, mais c’est plus du double du prix. »
La compagnie pétrolière nationale a promis il y a quelques jours que près de 2 milliards et demi de litres d’essence supplémentaire allaient être importés au Nigeria, mais pas il n’y a pas d’amélioration visible pour le moment. (rfi.fr)