Le président kényan Uhuru Kenyatta a ordonné mardi la plus grande sévérité et un recensement des motos-taxis à travers le pays, après le scandale provoqué par la vidéo d’une jeune femme agressée par plusieurs d’entre eux.
Dans cette vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, on voit une jeune femme hurlant au volant de sa voiture ouverte, alors qu’elle se fait agresser et partiellement dévêtir par des chauffeurs de motos-taxis, visiblement après un accident de la circulation.
Mardi matin, la police a annoncé avoir mené une opération contre les motos-taxis dans la capitale Nairobi, aboutissant à plus de 200 arrestations.
« J’ai demandé aux forces de l’ordre d’utiliser les instruments de la loi pour punir ces auteurs », a déclaré Uhuru Kenyatta dans un discours à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, ajoutant: « Il ne devrait jamais y avoir de répétition de ce que nous avons vu, c’est un fléau pour toute la société kényane ».
Il a demandé aux motos-taxis, connus sous le nom de boda-boda, de se faire enregistrer une nouvelle fois auprès des autorités des transports, sous peine de sanctions.
« J’ai donné des instructions et ordonné la plus grande sévérité contre les opérateurs de boda-boda, commençant ici à Nairobi et dans tout le pays », a-t-il déclaré.
Cette activité « n’est pas une licence pour déshabiller et retirer la dignité de nos femmes », a-t-il lancé. « Nous allons tous vous enregistrer, à nouveau », a-t-il indiqué.
– « Acte barbare » –
Environ 150 femmes et militantes kényanes ont défilé mardi matin à Nairobi pour dénoncer cet incident. Elles ont marché en direction du siège de la police, brandissant des pancartes « Écoutez mon cri » ou « Aujourd’hui c’est elle, demain c’est moi » et réclamant la fin des violences envers les femmes.
« Nous ne pouvons plus accepter de vivre ainsi », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Fred Matiang’i, aux manifestantes, promettant une réorganisation « impitoyable et radicale » du secteur des motos-taxis.
La police a annoncé lundi avoir arrêté 16 personnes en lien avec l’incident, qui a indigné l’opinion de ce pays d’Afrique de l’Est.
La responsable du pouvoir judiciaire Martha Koome l’a qualifié de « cruel, inhumain » et « sans aucune humanité ». « Je dénonce cet acte comme barbare et nécessitant la plus haute attention judiciaire », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Les deux-roues sont un mode de transport populaire au Kenya, qui ne dispose pas d’un système de transport public développé.
Selon des données officielles de 2018, au moins 1,4 million de motos sont immatriculées au Kenya, dont la majorité sont utilisée comme taxis.
Près de 17.000 motos sont immatriculées chaque mois, indiquait le bureau des statistiques gouvernemental en 2019. Ce secteur est peu réglementé, et ces chiffres pourraient être bien plus élevés.
Les chauffeurs de boda-boda, généralement des jeunes hommes, ont la réputation d’enfreindre le code de la route et de s’en prendre aux automobilistes en cas d’accident. Ils ont également souvent été accusés de vols à l’arraché et de harcèlement envers d’autres usagers de la route, ainsi que d’abus allant jusqu’au viol.
En 2020, un groupe de boda-boda avait tenté de lyncher un ancien chef des armées après que l’un d’entre eux a embouti sa voiture, tandis qu’un vice-gouverneur a vu sa voiture incendiée après un accident similaire.
Les boda-boda ont été classés en 2019 comme « menace pour la sécurité nationale » par une unité de recherche du ministère de l’Intérieur. (Afp)