Un ancien ministre djiboutien du Budget ainsi que plusieurs fonctionnaires et commerçants sont dans le collimateur de la justice pour des détournements de fonds. Dans une affaire très médiatisée par le pouvoir, les autorités disent ainsi lutter contre la mauvaise gouvernance. Mais certains y voient aussi une mesure de rétorsion contre un rival du président Ismaël Omar Guelleh.
Le procureur de la République Djama Souleiman Ali a manifestement voulu faire largement connaître l’affaire. Un communiqué en français, un autre en anglais, à l’adresse de la presse et des chancelleries étrangères : un exercice de transparence rare à Djibouti, pour une « opération mains propres » démantelant un réseau de détournement de plusieurs milliards de francs djiboutiens au sein du ministère du Budget.
Deux fonctionnaires ont été arrêtés, ainsi que « plusieurs commerçants », dit le procureur, mais surtout Abdoulkarim Cher, qui était ministre du Budget jusqu’au 2 janvier dernier, lorsqu’il a été soudainement limogé par le chef de l’État. Si l’on en croit le procureur, ses co-accusés l’auraient désigné comme « l’instigateur de ce système frauduleux ». L’ancien ministre a toutefois été libéré au terme de sa garde-à-vue.
Abdoulkarim Cher n’est pas un inconnu. Venu de l’opposition et d’un puissant clan distinct de celui du président, longtemps fonctionnaire de l’Union africaine, il avait été nommé ministre en 2019, précisément pour assainir une administration notoirement corrompue. Mais ces derniers mois, et surtout à la faveur des absences médicales du chef de l’État, il avait fait preuve, selon plusieurs observateurs, d’un certaine autonomie et d’une certaine ambition, se positionnant discrètement pour l’élection présidentielle de 2026. (rfi.fr)