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Financement du terrorisme. 18 mois de bracelet électronique pour la mère d’un djihadiste du Bataclan

La mère de Foued Mohamed Aggad, mort dans l’assaut de la BRI à la salle de spectacles le 13 novembre 2015, était jugée par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir envoyé plus de 13 000 €, à son fils et sa femme quand ils étaient installés en zone irako-syrienne, en 2014 et 2015.

Quatre ans d’emprisonnement, dont 30 mois avec sursis et les dix-huit mois ferme à effectuer sous bracelet électronique à domicile, ainsi que 2 500 € d’amende. La 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris a condamné ce mercredi 9 mars Fatima Hajji, 54 ans pour financement du terrorisme. En prononçant une peine, au-delà des réquisitions du parquet antiterroriste.

Ce dernier avait requis quatre ans de prison, dont trois avec sursis et 5 000 € d’amende contre la mère de Foued Mohamed Aggad, un des djihadistes du Bataclan le 13 novembre 2015, tué dans l’assaut de la BRI. Elle était jugée pour lui avoir versé de l’argent lorsqu’il était installé avec sa femme, Hajira Belkhir, en zone irako-syrienne.

Plus de 13 000 € envoyés

Selon l’enquête, la prévenue a envoyé « sept mandats » entre janvier 2014 et août 2015 « pour un montant de plus de 13 000 € », a rappelé lors de l’audience, vendredi 4 mars, le président de la 16e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Les investigations ont établi que Fatima Hajji a joué « un rôle central dans la collecte de ces fonds ».

Ils ont été réunis « auprès de membres » de sa famille et de celle de la femme de son fils pour les verser ensuite à « des collecteurs de l’État islamique basés au Liban ou en Turquie ». Alors même qu’elle savait Foued Mohamed Aggad en Syrie, où il était parti en décembre 2013, et qu’il lui faisait part, dans leurs « contacts permanents », de « sa participation à des combats ».

« Il avait parlé de sa volonté de mourir en martyr »

À la barre, Fatima Hajji, qui a reconnu les versements, a répété : « Je n’ai pas soutenu la cause […] Je ne soutiens pas l’État islamique je suis contre les attentats […] J’ai soutenu mon fils, sa femme et leur futur enfant ». Expliquant avoir « aidé le couple qui avait besoin d’argent pour survivre ». Et pour « l’aider à sortir, payer des passeurs », a-t-elle assuré.

Pourtant, a relevé le président, son fils lui dit « souvent vouloir rester sur place pour combattre ». Et que s’il rentrait en France, « ce serait pour faire un sale truc ». Il lui avait aussi « parlé de sa volonté de mourir en martyr ». Il a pointé de nombreuses contradictions entre les propos de Fatima Hajji et ses déclarations en garde à vue, les écoutes téléphoniques, etc. Et a parlé d’une « réécriture de (ses) souvenirs ».

« Elle a placé l’amour filial au-dessus de tout », avait estimé le parquet

Elle a dit avoir été « manipulée » par son fils. « N’avoir rien vu et fait en sorte de ne pas voir, je m’en veux terriblement pour ça », avait ajouté cette mère dont un autre enfant, Karim Mohamed Aggad est incarcéré, condamné en 2016 à neuf ans de prison pour un séjour en zone irako-syrienne de décembre 2013 à avril 2014.

Pour l’accusation, Fatima Hajji a « placé l’amour filial au-dessus de tout […] Je ne vous dis pas qu’elle partageait cette idéologie », mais « qu’elle avait parfaitement connaissance de la nature du groupe État islamique et des activités de son fils. En connaissance de cause, elle l’a soutenu financièrement », avait estimé le magistrat antiterroriste.

Il a été suivi par le tribunal qui considère qu’elle était « parfaitement informée du caractère illicite de ses envois » d’argent qu’elle a cherché selon lui « à dissimuler », a expliqué le président à la lecture du délibéré, ce mercredi 9 mars. Selon le tribunal, elle « a eu parfaitement conscience d’apporter une aide à un combattant du groupe terroriste ». Et ne « l’a pas interrompue lorsque ce groupe a revendiqué des attentats » dans d’autres pays, notamment à partir du début de l’année 2015.

Il a par ailleurs condamné, comme l’avait requis le parquet, à dix ans de prison sa belle-fille Hajira Belkhir, jugée en son absence pour « association de malfaiteurs terroriste ». Celle qui avait rencontré Foued Mohamed Aggad sur Facebook et l’avait rejoint en Syrie en mars 2014 est présumée morte dans un bombardement fin 2017. (ouest france)

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