La Gambie fait face à l’arrivée de réfugiés suite à l’opération militaire lancée dimanche par l’armée sénégalaise dans le nord de la Casamance, à la frontière entre les deux pays. Cette opération contre la rébellion du MFDC arrive après un accrochage survenu le 24 janvier entre un détachement sénégalais de la mission de la Cédéao en Gambie et des combattants du MFDC. Une nouvelle poussée de tension, alors que le conflit dure depuis quarante ans.
« Il fallait s’y attendre » affirme une source proche du dossier, après l’accrochage qui avait coûté la vie à quatre soldats sénégalais. Sept autres avaient été capturés par le MFDC, avant d’être relâchés le 14 février devant des journalistes. Ces événements ont été vécu par l’armée comme « une humiliation » poursuit notre interlocuteur, pour qui cette opération militaire est une manière de « laver l’affront ».
Dans son communiqué, l’état-major affiche clairement son principal objectif : « démanteler les bases de la faction MFDC de Salif Sadio situées le long de la frontière nord ». Salif Sadio s’était pourtant dit prêt à des négociations avec Dakar dès 2012. Mais le processus de paix est bloqué et l’option militaire a été privilégié : début 2021 déjà, l’armée avait mené des opérations de ratissage des bases MFDC, cette fois dans le sud de la Casamance, à la frontière avec la Guinée-Bissau.
Banjul se prépare à l’accueil des réfugiés
Conséquence de cette nouvelle opération : des populations ont fui la zone et traversé la frontière vers le sud de la Gambie. Pas de bilan fiable sur leur nombre à ce stade. Les autorités de Banjul ont annoncé une enveloppe de 5 millions de dalasis – environ 85 000 euros – pour venir en aide aux réfugiés et déplacés.
La communauté chrétienne Sant’Egidio, impliquée de longue date dans des médiations en Casamance, exprime « sa profonde inquiétude face à l’affrontement armé ». Elle appelle à « l’arrêt de combats pour reprendre le processus de négociation ». (rfi.fr)