A la maternité de Mykolaïv, dans le sud de l’Ukraine, le danger est omniprésent pour les femmes enceintes qui attendent d’accoucher. L’inquiétude face aux risques de bombardements est « mentalement épuisante », témoigne l’une d’entre elles.
« Vous vous inquiétez à la fois pour vous et pour votre bébé », explique Alina Bondarenko, allongée sur le lit de la maternité de Mykolaïv. Elle vient de donner naissance à son enfant, marquée par l’inquiétude que les Russes ne bombardent l’établissement médical. « Nous avons été témoins de cas où les bombardements ont continué malgré la croix rouge peinte sur le toit », explique, en effet, Andriy Hryvanov, le médecin-chef de la maternité.
« Aucune convention n’est respectée », s’agace le soignant. Les patientes de la maternité multiplient les allers-retours entre les étages et le sous-sol, où elles se mettent à l’abri dès que les sirènes d’alerte aériennes retentissent. Mais lorsque l’heure d’accoucher sonne, les futures mamans doivent remonter, et ainsi redevenir davantage vulnérables aux attaques russes. « Notre personnel essaie d’effectuer les opérations le plus vite possible et de mettre des rideaux lourds aux fenêtres pour atténuer la lumière » et ne pas se faire remarquer de l’armée russe, explique Andriy Hryvanov.
Ces précautions sont indispensables, car tout le monde au sein de la maternité de Mykolaïv a entendu parler de l’attaque de celle de Marioupol, le 9 mars. Une femme enceinte y a perdu la vie et son bébé est mort-né, selon les informations rapportées par l’agence de presse American Press. Alina Bondarenko craint que le scénario ne se répète. « Si on est touchés par un missile, il ne restera plus rien », s’inquiète-t-elle, tandis que son compagnon berce son nouveau-né.Le journal de deux sœurs séparées par la guerre en Ukraine : « Nous sommes plus forts que nous pouvions l’imaginer » (lemonde.fr)