En Somalie, la mort mercredi 22 mars de la députée sortante Amina Mohamed Abdi a profondément choqué la classe politique. Le rapatriement de son corps à Mogadiscio, jeudi, ainsi que celui d’un autre député tué en même temps qu’elle, a donné lieu à une démonstration d’unité. Mais la mort d’une opposante farouche pose des questions dérangeantes sur la potentielle complicité de l’entourage présidentiel avec le terrorisme, estiment certains analystes.
Debout, les mains ouvertes pour prier, sur le tarmac de l’aéroport de Mogadiscio, il y avait là d’anciens présidents de la Somalie, d’anciens Premier ministres, des ministres, le président du Parlement. Le cercueil d’Amina et celui du député Ali Abdi Dhulul étaient solennellement descendus de l’avion revenant de Beledweyne où ils ont été tués. Tous avaient le visage fermé.
Il faut dire que l’heure est grave en Somalie. Le communiqué de condoléances du Premier ministre Mohamed Hussein Roble l’a indiqué : le jeune rival du président sortant a estimé qu’Amina avait été « tuée pour que la justice ne prévale pas ». Il faisait allusion à la cause pour laquelle se battait la députée assassinée : que justice soit rendue à Ikran Tahlil, une jeune employée des renseignements, assassinée dans des circonstances troublantes l’année dernière.
Tous les regards sont donc désormais tournés vers le président Farmajo, et surtout vers son conseiller controversé Fahad Yassin, candidat rival d’Amina à Beledweyne, et que cette dernière accusait d’être derrière la mort d’Ikran Tahlil. Les proches d’Amina ont donc tôt fait d’accuser l’entourage présidentiel d’instrumentaliser les Shébabs, qui ont revendiqué les derniers attentats. « Pourquoi les Shébabs feraient-ils un coup pour arranger les choses pour Fahad, demande ainsi le dernier bulletin de l’institut d’analyse Sahan Research, s’ils ne travaillaient pas pour lui ou avec lui ? » (rfi.fr)