Une page se tourne en Somalie. Le mandat de l’Amisom, la mission de paix l’Union africaine dans le pays, expire cette semaine. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit voter ce mercredi 30 mars son remplacement par une autre mission baptisée ATMIS (Mission de transition de l’Union africaine en Somalie). Crée en 2007, l’Amisom a compté jusqu’à 22 000 hommes avec pour mission de lutter contre le groupe terroriste Al-Shebab et favoriser la stabilisation politique de la Somalie. 15 ans plus tard, quel bilan peut-on dresser de son action ?
C’est dans un pays au bord du gouffre qu’arrivent les premiers soldats de l’Amisom en 2007. Les attaques d’insurgés islamistes reprennent de plus belle et menacent les autorités de transition. L’Amisom mène alors une série d’offensives victorieuses… dont les points d’orgues sont la reprise de Mogadiscio la capitale, en 2011 … et la tenue d’une élection l’année suivante.
Samira Gaid dirige le Hiraal Institute, un groupe de recherche somalien indépendant : « Si on s’en tient à ce qu’étaient les principaux objectifs de la mission, à savoir rétablir un gouvernement et progressivement étendre son autorité, je dirais qu’entre 2007 et 2012, l’Amisom était vraiment sur la bonne voie, elle a rempli son mandat et a vraiment contribué à la réinstallation de l’État somalien. »
Ces dernières années, l’Amisom essuyait pourtant de nombreuses critiques sur mon manque d’efficacité, alors que la crise politique somalienne s’enlise et que les islamistes shebabs semblent revigorés. « À partir de 2015, la mission a commencé à stagner. On lui a demandé de remplir de plus en plus d’objectifs, et elle n’a pas réussi à suivre, même si ses effectifs ont augmenté. Ses troupes sont devenues de plus en plus défensives et ont essuyé de plus en plus d’attaques de la part des shebabs. Donc, actuellement, ils protègent surtout leurs bases et leurs principales routes d’approvisionnement, mais ils ne combattent pas activement les shebabs. »
Quant aux shebabs, que l’on disait relégués dans les zones rurales, ils ont su s’adapter et d’étendre leur influence, y compris dans les zones sous contrôle du gouvernement, dont la capitale, où ils prélèvent des taxes, et continuent de mener des attaques et des assassinats ciblés. Au point que l’hypothèse d’un retrait pur et simple des troupes de l’Union africaine a été écartée – malgré la fatigue des bailleurs – de peur d’un scénario afghan. (rfi.fr)