Conformément à une diplomatie du selfie désormais adoptée par les régimes africains, la République démocratique du Congo vient de nommer le comédien du « Dernier Mercenaire » ambassadeur de la jeunesse, de la faune et des investissements.
Alors que les combats entre les forces armées congolaises et le mouvement rebelle M23 ont repris, mercredi, dans la province du Nord-Kivu, les autorités de Kinshasa continuent de faire diversion en soignant leur vitrine internationale. Après un soutien footballistique démesuré mais stérile, au Maroc, voici venu le temps d’un lifting de réputation avec le renfort d’un acteur d’Hollywood. Au terme d’un séjour à Kinshasa et d’une audience présidentielle accordée par Félix Tshisekedi, le comédien belgo-américain Jean-Claude Van Damme s’est vu remettre, ce 6 avril, un passeport diplomatique congolais, à la suite de sa nomination comme « ambassadeur de la jeunesse du point de vue sport, santé et culture », « ambassadeur de la faune » et même « ambassadeur pour les investissements pour le Congo en Amérique ».
Pêche aux stars
Nouveau porte-étendard de la RDC, « J-C.V.D. » a particulièrement insisté sur ses ambitions pour le poumon que constitue le pays à un niveau planétaire : « On dépense beaucoup pour aller dans d’autres planètes, (…) il faut se révolter pour sauver cette terre. » Un souci « écolo » central du « narratif » national à destination des partenaires internationaux. Et une préoccupation déjà traduite par le comédien belge dans l’une de ses saillies cultes : « J’adore l’eau, dans 20 ou 30 ans, il y en aura plus » (phrase prononcée il y a… plus d’une décennie).
Si la pêche aux stars est florissante au Congo – en l’espace de quelques mois, les musiciens Gims, Dadju et Koffi Olomidé ont également reçu des passeports diplomatiques –, Van Damme n’est pas un Congolais de souche, mais un descendant des anciens colons. La machine à buzz international est désormais éprouvée en Afrique : en août 2019, l’acteur américain Samuel L. Jackson revendiquait des racines dans l’ethnie benga. De passage au Gabon, il répondait à l’appel au retour qu’Ali Bongo Ondimba avait lancé, en 2017, à l’adresse des afro-descendants. Comme Van Damme, l’acteur fétiche de Quentin Tarantino obtenait son audience présidentielle et son passeport africain.
Superficiel échange d’émotions exotiques ? Le rapprochement de certaines stars internationales avec le continent finit parfois par agacer les régimes en place. Joyce Banda, alors présidente du Malawi, avait accusé de « chantage » et de « mensonge » la chanteuse Madonna dont on ne savait plus très bien pourquoi elle clamait son amour pour l’Afrique…
En RDC, alors que les positionnements politiciens se dévoilent, dans la perspective des prochains scrutins de 2023, il n’est pas certain que l’acteur réputé « perché » de Full Contact diffuse une image haut de gamme du pays. Même si les Congolais conservent la nostalgie des films d’arts martiaux des nineties. Et même si Van Damme est en train de devenir culte dans certaines communautés geeks adeptes de second degré. (jeuneafrique)