En moins de deux ans, quatre présidents d’Afrique de l’Ouest ont été renversés par des militaires à l’issue d’un putsch. Pourtant, cette partie du continent était réputée pour sa stabilité politique et sa relative bonne santé démocratique.
Les coups d’Etat militaires en Afrique remontent au début des années 60, au lendemain des indépendances. Ils se sont estompés après le vent de démocratisation qui a soufflé en 1990 sur le continent, avec l’ouverture de l’espace politique etle pluralisme des idées.
Mais face aux atermoiements des acteurs politiques, à la mauvaise gouvernance, les militaires ont cru bon de prendre leur responsabilité, afin d’essayer de redonner confiance aux peuples qui se sont sentis déçus, expliquait récemment sur la DW le journaliste Francis Laloupo.
Comment faire alors pour dissuader les militaires ? Arthur Banga, historien à l’Université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, propose des pistes.
« En amont, en regardant déjà tout ce qui peut causer les coups d’Etat. Mais aussi en aval, en étant plus ferme, en soutenant les sanctions que la Cédéao prend contre les régimes putschistes. Parce que quand l’opinion publique est divisée, ou même qu’on entend des intellectuels se dresser contre les sanctions de la Cédéao, ça donne des ailes aux putschistes. »
Pressions
Récemment, le président ghanéen Nana Akufo-Addo, par ailleurs président en exercice de la Cédéao, a demandé au cours d’un discours au Parlement à Accra de soutenir les mesures prises par l’institution sous-régionale au Mali, au Burkina Faso et en Guinée.
La Cédéao continue de faire pression sur les militaires de ces trois pays afin qu’ils publient un calendrier raisonnable de la transition qui permettra de rendre le pouvoir aux civils. Mais ceux-ci ont réclamé encore un peu plus de temps.
Par ailleurs, la Cédéao est également critiquée en Guinée-Bissau, où le président Umaro Sissoco Embaló a échappé à une tentative de coup d’Etat le 1er février dernier. En réaction, la Cédéao a décidé d’envoyer une force d’appui à la stabilisation du pays. Une décision que critique l’avocat bissau-guinéen Fodé Mané : « Pour moi et beaucoup d’autres, ce n’est pas une force de la Cédéao. Nous voyons ici les forces du président Macky Sall du Sénégal et de Muhammadu Buhari du Nigéria sous couvert de la Cédéao pour protéger leur ami en Guinée-Bissau. »
En 2017, la Cédéao avait déployé une force pour la stabilité et la sécurité en Guinée-Bissau (Ecomib). C’était après le coup d’Etat d’avril 2012 qui avait renversé le Premier ministre Carlos Gomes Junior, entre les deux tours de la présidentielle, dont ce dernier était le favori. (dw.com)