Sept mois seulement après la dernière édition, le festival des musiques urbaines d’Anoumabo reprend, du 10 au 15 mai, en jouant la carte de la jeunesse.
Exit Alpha Blondy, un temps pressenti comme tête d’affiche. Le papy du reggae ivoirien ne foulera pas la pelouse de l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS) d’Abidjan. Idem pour le patron du rap français, Booba, dont le nom apparaissait sur le calendrier prévisionnel du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua). Une occasion qui aurait permis au créateur du label 92i Africa – avec lequel le rappeur ivoirien Didi B, ex-membre de Kiff No Beat, vient de signer un contrat – de rencontrer le public africain et une partie de ses fans de la première heure. « On voulait que Booba et Niska intègrent la programmation. Mais les deux éditions étaient trop rapprochées pour qu’on ait le temps de tout mettre en place », plaide A’Salfo, le président du Femua.
Sept mois seulement séparent en effet l’édition de reprise (annulée, puis reportée à septembre 2021 en raison de la pandémie de Covid-19) et ce nouveau millésime. « C’était risqué de maintenir l’édition précédente, pourtant on l’a fait. On a prouvé qu’on pouvait s’adapter, transformer une difficulté en opportunité et ouvrir la voie à la saison culturelle, se félicite-t-il. Le Fespaco, le Masa…Tous les festivals nous ont emboîté le pas ».
Youssoupha et la RDC à l’honneur
Rendez-vous culturel et social incontournable en Afrique de l’Ouest, la grand-messe urbaine d’Anoumabo mise une fois de plus sur la jeunesse, pour cette 14e édition. « Il s’agit de la plus jeune programmation de toute l’histoire du Femua. Les anciens, c’est nous », s’esclaffe A’Salfo, par ailleurs leader des Magic System, qui, comme chaque année, se produiront sur la grande scène. Objectif, être en phase avec le thème de 2022 : « la nouvelle génération et l’employabilité des jeunes ».
« Il fallait trouver le moyen de réunir les jeunes autour d’une programmation qui leur parle », poursuit l’initiateur du Femua. Aux côtés des ambassadeurs du zouglou, de dignes représentants de la scène urbaine, comme le rappeur français Youssoupha, installé à Abidjan depuis 2016. « Il est Congolais d’origine. Or notre pays invité est la RDC. Tout cela fait sens, justifie A’Salfo. Il présentera son nouvel album, Neptune Terminus : Origines, qui cartonne chez les jeunes ici ».
L’Ivoirien Suspect 95, la chanteuse gabonaise Shan’L, la Camerounaise Coco Argentée, la Nigériane Rocky Gold… Au total douze musiciens et groupes seront présents. Une programmation toutefois moins étoffée que d’ordinaire, ce qui permettra aux festivaliers comme aux artistes de vivre la manifestation dans de meilleures conditions.
Caprices de star
D’aucuns se souviennent, en effet, du concert express de Koffi Olomidé l’année dernière, justifié, selon le roi de la rumba congolaise, par un retard de programmation. « On peut comprendre certains caprices de star, mais pas que l’on mette en doute la crédibilité d’un festival et ses quatorze années d’existence. Certains problèmes peuvent survenir. Ils ne doivent cependant pas gâcher la fête », tempère A’Salfo.
Pas de quoi décourager le créateur du Femua, qui continue de croire en la portée de l’événement. Après Grand-Bassam l’an dernier, une décentralisation est prévue, cette fois à San Pedro. « On souhaite toucher les populations les plus isolées. La route express qui relie Bodo-N’Douci et la ville portuaire nous permet de créer ce pont et de donner un nouveau souffle à cette cité, qui pourra profiter des retombées économiques et culturelles engendrées par la manifestation. » (Jeune Afrique)