vendredi, mars 29, 2024
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«Alyam Alyam», premier film marocain sélectionné au Festival de Cannes en… 1978

Fondé en 1946, le festival de Cannes est devenu au fil des ans la première manifestation cinématographique au monde où sont récompensés les meilleurs films, acteurs et réalisateurs, entre autres. En 1978, le cinéma marocain y fait une première apparition avec le long métrage d’Ahmed El Maânouni «Alyam Alyam», sélectionné dans la catégorie «Un certain regard». Retour sur une première pour le cinéma marocain.

Une projection à Cannes vaut tous les honneurs pour un réalisateur, mais aussi pour le pays dont il porte les couleurs, même en n’y cueillant ni prix, ni Palme. Figurer dans la sélection officielle du Festival de Cannes est un honneur qui vaut celui de la Mostra de Venise, la Berlinale ou la cérémonie des Oscars. Ainsi en 1978, défile pour la première fois ur le tapis rouge et universel de la 31e édition de ce prestigieux rendez-vous, un réalisateur marocain, Ahmed El Maânouni, pour «Alyam Alyam» («Ô les jours» en français)

Un fellah au grand rêve

Parmi les 14 autres longs-métrages de la catégorie «Un certain regard», «Alyam Alyam» est une perspective particulière sur la migration du Maroc vers l’Europe, qui s’étend sur 80 minutes. A l’écran et bien que des années se soient écoulées depuis, on reconnaît la campagne marocaine, la poussière de la Chaouia et le désir de partir.

Avec l’aube qui se lève, l’histoire d’Abdelwahad, jeune agriculteur, aîné d’une fratrie de neuf enfants, commence par un départ rêvé. Il souhaite partir en France et fuir la misère de la terre ingrate, faisant fléchir ceux qui la travaillent. Le fellah nourrit alors l’espoir de tout immigré : gagner son pain ailleurs pour vivre mieux, bien que sa mère s’y oppose.

Elle l’appelle à endosser le rôle du chef de famille après le décès du père – un sacrifice qu’il rejette. La musique du film, après le tbel du générique de début et les premières images, est issue du répertoire du groupe légendaire Nass Al Ghiwane avec «Fine ghadi biya khouya». Une longue jérémiade de vœux inexaucés, tout comme les papiers du protagoniste qui n’arrivent pas :

«…Les gazelles sont soumises à l’éperon

Les chevaux sont-ils redevenus sauvages?

Sur les palmiers mûrissent des baies flétries

Les dattes se sont-elles aigries?

Quel loup emplirait de ses hurlements, la fôret?

Ô les jours?

Pourquoi êtes vous de travers? Qui change ainsi votre cours?

Vous m’étiez doux comme le lait

Aujourd’hui vous m’êtes amers.»

Cette campagne dont le jeune homme se plaint en off mais aussi à travers les dialogues, est un univers de lumière relatant l’Histoire commune de la terre et de l’homme – un quotidien de labeur et la jeune rébellion. Ahmed El Maânouni touche de près l’humanisme réaliste de la vie rurale qui imprègne le film d’un caractère documentaire.

Réalisateur, metteur en scène, directeur photo, scénariste…

Le site de critique cinématographique Critikat décrit la lenteur tangible qui retrace ingénieusement l’authenticité du film. La diversité des plans très gros ou larges ainsi que les longs plans fixes du réalisateur, qui s’est occupé également du scénario et de l’image, marque sa touche personnelle.

Ahmed El Maânouni, qui comptera plus tard une seconde participation au festival de Cannes en 2007 avec «Al Hal» («Transes», en français), révèle son soucis du détail et de la technicité. Après avoir étudié la mise en scène et la direction d’acteurs durant ses études de théâtre, il ressent le besoin de maîtriser la technique avant de passer à l’action, comme il l’explique dans une interview

«Alyam ! Alyam ! et Al Hal, n’auraient pas vu le jour si je n’en avais pas assuré l’image. Le premier, parce qu’il fallait absolument travailler en équipe très légère, réduite à sa plus simple expression pour capter la confiance et l’émotion des paysans. Le second pour des besoins de production, même si pour les concerts d’Agadir et de Paris, d’autres directeurs de la photographie m’ont fait l’amitié de me venir en aide…»

«Alyam Alyam» obtiendra le grand prix du festival de Mannheim en plus d’autres prix internationaux à Carthage, Ouagadougou, Taormina, Namur, Locarno, Damas, Bombay, Sydney, Londres, Los Angeles et Chicago. (yabiladi.com)

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