Alors qu’en France la polémique ne cesse d’enfler, Au Sénégal, où il est adulé, Idrissa Gueye a reçu un flot de soutiens. Au premier plan, le président sénégalais Macky Sall a affirmé ce mardi 17 mai dans un message sur Twitter soutenir le joueur du PSG et demandé le respect des « convictions religieuses » du footballeur, après son absence lors de la journée dédiée à la lutte contre l’homophobie.
L’international sénégalais n’aurait en effet, pas souhaité jouer avec un maillot au flocage arc-en-ciel lors d’un match opposant le club parisien à Montpellier.Je soutiens Idrissa Gana Gueye. Ses convictions religieuses doivent être respectées.— Macky Sall (@Macky_Sall) May 17, 2022 Dans la foulée, d’autres personnalités ont manifesté le même jour leur appui, dont le président de la Fédération sénégalaise de football, Augustin Senghor. Idrissa Gueye est « dans son bon droit », a-t-il déclaré à la presse.
« Il est resté ancré dans ses valeurs, dans ses principes, dans sa foi qui font la « sénégalité », qui font l' »africanité » de tout un continent ». Les marques d’affection ne se sont pas arrêtées là : le ministre des Sports Matar Bâ, tout comme l’ex-Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne ou encore l’écrivain et intellectuel Boubacar Boris Diop ont aussi fait part de leur solidarité au joueur.« Un acte de courage »L’une des principales personnalités politiques nationales et principal opposant au président Macky Sall, Ousmane Sonko, est carrément allée jusqu’à lancer une charge virulente contre les Occidentaux et la France à propos de l’affaire.
« Les “toubabs” (les Blancs, en wolof) croient que nous sommes des ordures et qu’eux seuls ont des valeurs », a-t-il dit à la presse. « Aujourd’hui, il faut qu’ils nous imposent l’homosexualité (…) Eux seuls ont des valeurs. Jusqu’à quand ? Ce qu’il (Gueye) a fait, c’est un acte de courage. Nous tous, sans distinction de religion, devons le soutenir », a-t-il lancé sans vergogne.À LIRE AUSSI : Mohamed Mbougar Sarr : “Je demande simplement qu’on lise ce que j’ai écrit”Dans ce pays musulman à 95 % et très pratiquant, les relations homosexuelles sont interdites. La loi existante stipule que « sera puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 100 000 à 1 500,00 francs (152 à 2 286 euros) quiconque aura commis un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe ». L’homosexualité est aussi volontiers décriée comme un instrument employé par les Occidentaux pour imposer des valeurs totalement étrangères à la culture et aux traditions sénégalaises.
La FFF monte au créneau
Si la Fédération française de football l’a sommé de s’expliquer, Idrissa Gueye ne s’est, pour l’heure, pas prononcé publiquement sur les raisons de son absence du terrain face à Montpellier. L’entourage du joueur, contacté par l’AFP, a refusé d’expliquer les raisons de cette absence. Elles sont en revanche limpides pour les associations de lutte contre l’homophobie. « Il avait déjà fait le coup l’année dernière. Ça ne fait guère de doutes sur ses intentions », estime Bertrand Lambert, le président des Panam Boyz United, club de football « ouvert à la diversité ».
Idrissa Gueye n’avait pas non plus joué l’année dernière contre le Stade de Reims, qui coïncidait aussi avec la journée de lutte contre l’homophobie, invoquant alors une gastro-entérite. Samedi dernier en marge de la rencontre, l’entraîneur du PSG, Mauricio Pochettino, a évoqué des « raisons personnelles », précisant que son joueur « n’était pas blessé ». (Marianne)