Le grand nombre de styles et rythmes musicaux au Cameroun est un atout culturel indéniable pour ce pays. Pourtant, aucun d’entre eux n’est en voie de se faire enregistrer sur les listes indicatives du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, un élément qui devrait conférer un statut plus glorieux à la musique camerounaise. Au-delà du panel musical déjà constitué dans le pays, il serait judicieux de se demander quelle musique peut remplir les critères d’universalité et se tenir face aux éléments culturels des autres nations à travers le monde. Enquête sur un champ encore libre et exploitable.
Le 14 décembre 2021, la rumba congolaise fait la Une de l’actualité culturelle en Afrique. Ce style musical de nos voisins du Congo, fait officiellement partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Il rejoint alors, et pour l’Afrique centrale, les polyphonies pygmées de Centrafrique ou encore les tambours du Burundi. L’évènement fut célébré à travers ce pays, et les citoyens ont marqué leur fierté d’appartenir au pays de Papa Wemba. Cette réussite de nos frères a très certainement interpellé les professionnels du domaine culturel camerounais.
En décembre 2021, le dossier du « festival du Nguon » du peuple Bamoun en attente à l’UNESCO pour se faire enregistrer et analyser comme patrimoine culturel immatériel, a été retiré de la course. Selon une source du ministère des Arts et de la culture à Jeune Afrique, ce dossier n’avait pas été traité par des experts. Le nouveau roi des Bamouns, Nabil Njoya, a relancé la procédure en coordination avec le ministère des Arts et de la Culture. L’espoir du Cameroun de faire aussi parti de ce club élitiste des détenteurs de patrimoine culturel immatériel est toutefois moindre. Le 16 octobre 2012, le Cameroun a ratifié la convention de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la Science et la Culture (UNESCO) sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Ce texte international qui existe depuis le 17 octobre 2003, définit en son article 2, le Patrimoine Culturel Immatériel comme « pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire (ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés) que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel ».
Le Cameroun a donc ratifié cette convention et l’a intégré dans sa loi N°2013/003 du 18 avril 2013. Le patrimoine culturel immatériel y est définit comme « tout ensemble des produits culturels invisibles et impalpables ». La particularité de cette convention est qu’elle complète un pan culturel qui était jusque-là négligé, celui de l’immatériel : danse, conte, musique, culte et autres représentations artistiques ont déjà aussi la capacité d’obtenir une conservation illimitée et universelle. Concernant le Cameroun, il peut à partir de là, sauvegarder sa culture dans son intégralité. Souvent présenté comme « ce qui nous reste quand on a tout perdu », la culture est surement l’un des domaines les plus vastes du Cameroun. Avec ses 280 ethnies, ses 10 régions et ses 309 langues, l’Afrique en miniature regorge d’une richesse inestimable sur le plan culturel. Le Cameroun est d’ailleurs classé 7ème à l’échelle mondiale et 2ème en Afrique, comme « mégadiversité linguistique ».
Mais force est de constater qu’en termes de sauvegarde de sa si grande culture, le Cameroun piétine. Il n’existe que deux sites touristiques camerounais inscrits au patrimoine culturel matériel mondial, et aucunes pratiques ou savoir-faire inscrits comme patrimoine culturel immatériel. Si nous prenons uniquement le cas de la musique qui est très diversifiée, on pourrait bien se demander quelle musique camerounaise peut-on sauvegarder au sein du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO? Quand on entend parler de musique camerounaise, on se perd facilement dans nos pensées et on sifflote rapidement autant de styles qui nous viennent en tête : bikutsi, assiko, makossa, mangambeu, bend-skin, et bien d’autres. C’est dire, le florilège de styles musicaux qui existent au Cameroun est représentatif de sa diversité culturelle. Circuler dans les villes camerounaises permet de constater le grand attachement des camerounais à la musique : pas un carrefour sans baffles ou bars qui distillent de la musique à longueur de journée. La musique est pour ainsi dire le quotidien des camerounais. Il serait alors judicieux de penser à pérenniser cette culture musicale, à protéger cet art qui se vit dans les cœurs et les esprits, aussi bien que le football au Cameroun.
La patrimonialité des styles musicaux au Cameroun repose sur des éléments précis notamment les instruments, les langues locales utilisées dans les chansons et les pas de danse comme l’explique le Docteur Rachel Mariembe, cheffe de département Patrimoine et Muséologie à l’Institut des beaux-arts de l’université de Douala à Nkongsamba : « La musique à caractère patrimoniale se trouve autour de nous. Le bikutsi par exemple nous offre la langue qui est l’Ewondo, une langue locale dans la région du Centre. Cette langue est le véhicule du patrimoine. On peut aussi parler du Mvett qu’on utilise dans ce rythme musical qui est un instrument traditionnel. Les peuples du centre reconnaissent le bikutsi comme leur patrimoine. Le Makossa au Littoral est reconnu à travers le pays comme le patrimoine musical du peuple Douala. Avec les pas de danse comme l’ésèwè, la musique chantée en Duala… etc. Pour définir la patrimonialité il faut donc se baser sur ces différents éléments ». Ainsi donc, plusieurs styles musicaux se révèlent être à caractère patrimonial. Eriger cette musique en héritage, la sauvegarder et la mettre en valeur, offriront au Cameroun le rehaussement de ses valeurs culturelles, la pérennisation de cette culture et même l’attraction touristique que cela engendre. Le Cameroun a tout à gagner en ayant des éléments culturels répertoriés parmi les biens culturels mondiaux de l’UNESCO.
Elsa Broclain, Benoit Haug et Pénelope Patrix dans leur article scientifique « Musique : patrimoine immatériel ? », publié en 2019, résument les mesures de sauvegarde que la convention de 2003 prescrit en tant qu’instrument international: « consultation et implication des communautés, importance accordée aux pratiques vivantes et aux acteurs, mise en place d’inventaires, création d’archives, études scientifiques, musée ou autres organismes compétents ». Il s’agit d’analyser, au travers de ces différents éléments, si le Cameroun est sur la voie pour entrer dans le concert des nations, en inscrivant sa musique au patrimoine culturel immatériel.
SOS archives
Actuellement, il n’existe pas d’inventaire officiel des productions musicales sur le plan local. Néanmoins des travaux divers à caractère privé existent, bien qu’ils ne soient pas encore répertoriés. L’écrivain Arol Ketchiemen est l’un de ses particuliers qui s’est donné pour objectif de réaliser un répertoire des musiques et des différents champs musicaux au Cameroun. Il a commis des ouvrages en 2018 et 2021 intitulés « les Icônes de la musique camerounaises » Tome I et II. L’auteur fait un zoom sur les anciennes gloires de la musique camerounaise entre 1960 et 1980, pour raconter leur histoire. Il a donc tenu à faire revivre « les oubliés de l’Histoire », ces personnages-là qui ont marqué de leurs voix et de leurs talents la musique au Cameroun mais qui ont parfois été jetés aux oubliettes. Ce jeune auteur a également créé la page Facebook « Arol Ketch Raconte » et le site web du même nom. Le média en ligne retrace également les histoires des personnages historiques, emblématiques et même étrangers qui ont marqué l’histoire. Ce travail est une mine d’or qui permet d’avoir des archives qui retracent chronologiquement l’histoire de la musique au Cameroun et de ses différents acteurs. S’il se rapprochait du ministère des Arts et de la Culture, Arol Ketch pourrait mettre son travail au service de la culture camerounais et être pris en considération sur le plan national et enfin participer à la construction du patrimoine local.
Les médias d’état ont également des archives constitués. Dans les années 70, la radio national ouvrait ses portes à Douala. L’actuel CRTV Littoral servait alors de diffuseur de musique et aussi d’enregistreur. Des grands artistes camerounais à l’exemple de Manu Dibango et Anne Marie Nzié y enregistrent plusieurs chansons sur des bandes. Joseph Owona Ntsama, critique d’art et chroniqueur musical raconte cette belle histoire de l’arrivée de la musique au Cameroun et de la naissance des styles camerounais. « Dans les années 40 c’est une station de radio installée à Brazzaville qui inspire plusieurs rythmes musicaux au Cameroun. Elle diffuse des programmes musicaux basés sur les rythmes d’Haïti et de Saint-Domingue.Ce sont ces musiques qui constituent pour ainsi dire, notre premier patrimoine musical contemporain : elles seront reprises sous des formes diverses et tout en tenant compte des expressions musicales du cru comme le bolobo mais surtout l’assiko, par les premiers groupes de musique qui foisonnent à l’époque sur la côte littorale camerounaise : l’Uveco jazz ou l’orchestre de l’Orfecam. Par la suite, dans la décennie 50-60, l’avènement de la radiodiffusion va booster cette dynamique notamment dans les villes de Douala et de Yaoundé : les premiers enregistrements de nos musiques avec des Anne Marie Nzié, Charles Lembe… etc – sur place – datent de ce moment-là. » Explique-t-il. On assiste ensuite à la naissance d’autres grands noms de la musique notamment Manu Dibango avec son succès planétaire Soul Makossa. « Le début de l’émancipation musicale avec Manu Dibango bien sûr, mais aussi les premiers enregistrements chez Philips d’un Dikoto Mandengue et du jeune Ekambi Brillant auréolé de son prix de l’ORTF. Les années 70 serviront comme une rampe de lancement à notre musique identitairement parlant puisque nous entrions alors dans le concert des nations » ajoute Joseph Owona Ntsama.
Parlant des médias, plusieurs bandes d’enregistrement originales existent encore à CRTV Littoral. Le journaliste Serge Pouth qui a longtemps travaillé au sein de cette antenne de la radio nationale ajoute : « C’est à Douala que la radio commence avec les premiers enregistrements jusqu’en 1975. Même Manu Dibango y enregistre. On peut dire que la radio ne diffuse donc que de la musique pendant un long moment. Les chansons étaient enregistrées avec des bandes et donc il existe encore une bonne quantité de musique originale à Douala, datant de cette période. Comme autre archives, il y a de nombreux enregistrements à l’IFCPA car là-bas, ils ont travaillé sur la conservation des œuvres artistiques et au poste national aussi, le service des archives essayent de continuer à conserver les anciennes productions qu’ils peuvent avoir malgré leur vétusté. ». Comme autre élément d’archives, le musée national situé à Yaoundé, met un accent sur la mise en valeur des instruments de musique traditionnel. Un contenu riche exposé sur 5000 m2 qui rend hommage aux 04 aires culturelles du pays. Le contenu historique qu’on y retrouve reconstitue les usages de ces différents instruments, ainsi que les grandes figures de la musique camerounaise. Il s’agit là d’archives officielles qui meublent la portée historique de la musique camerounaise.
La musique de chez nous d’abord
Bien que cela n’y parait pas, la musique patrimoniale est très populaire au Cameroun. En se fiant encore plus aux critères de patrimonialisation cités plus haut, le constat est que certains styles de la musique patrimoniale sont quittés des villages, pour se retrouver dans les grandes villes, au sein de la politique, la religion, la vie publique de la nation. Ce genre musical existe et se vit dans les cœurs des citoyens. Le Dr. Bingono Bingono, ethno-musicologue explique ce phénomène : « En Afrique nous accordons encore une place importante à la musique patrimoniale. Elle est l’expression originelle d’une forme de musique. Actuellement on est allée de la musique patrimoniale à une musique de variétés faite par les artistes modernes. Mais cette dernière n’a pas réussi à marquer un coup d’arrêt à la musique patrimoniale qui est très permanente et très pratiquée : naissances, noces, enterrements, pratiques cultuelles, réjouissances… Quand le président de la République sort du palais d’Etoudi pour le boulevard du 20 mai par exemple, il est accueilli à son portail par la musique et la danse patrimoniale avec des tam-tams. A l’église, on voit les groupes de musique traditionnelle bien que le christianisme vient de l’étranger, la musique patrimoniale existe dans cet environnement ». Cette analyse amène à comprendre la place encore prépondérante de la musique patrimoniale dans la société camerounaise. Elle reste existante et démontre des pratiques multiples même dans des domaines et des sphères diversifiées. Le public quant à lui, a un rôle important à jouer dans la protection et la mise en valeur de ce patrimoine culturel immatériel. Une implication et une réappropriation de ce style musical serait judicieux. « La musique patrimoniale ne doit pas rester une musique pour touristes. L’Africain veut s’imbriquer à la mode occidentale. On le voit avec la présence de rythmes comme l’afropop au sein des musiques patrimoniales, et des mélanges de mélodies. » précise le Dr. Bingono Bingono. Un panel de 50 personnes ayant répondu à la question ouverte « quelle chanson écoutez-vous le plus en ce moment ? » révèle effectivement que ce sont majoritairement des musiques de fusion qui sont prisées. afrobeats, afropop, et chansons étrangères sont en tête de liste. Les camerounais devraient donc privilégiés la musique camerounaise. C’est de plus, l’un des critères pris en compte au niveau mondial, pour ériger un bien culturel en patrimoine universel. Ces pratiques culturels et le rôle du public peuvent contribuer significativement.
Et si les musiciens se concentraient sur la musique ?
Les sujets en débat autour des artistes camerounais ne relèvent pas toujours d la musique qu’ils font, des types de production qu’ils offrent à leur public. L’un des sujets les plus récurrents est très certainement la gestion des droits d’auteurs. Le problème persiste depuis plus de 15 ans et rien ne semble avancer. Il existe 05 organismes de gestion collective répartis dans les catégories de l’art musical (sonacam), de la littérature et des arts dramatiques (sociladra), des arts visuels et photographiques (scaap), des arts plastiques et graphiques (socadap) et des droits voisins (SCDV). Des opérations de recouvrement des arriérés de la redevance au titre de droit d’auteur pour la période de 2005 à 2017 ont été lancées en décembre 2020. Mais à ce jour les problèmes persistent. Au fil des années, les chanteurs ont eu à dénoncer la présence d’autres artistes à la tête de ces sociétés. « Il faudrait laisser les professionnels des droits d’auteurs gérer ces sociétés et pas des artistes » a déclaré en 2020 la chanteuse bikutsi Lady Ponce via sa page Facebook. Mais peu importe ! Et si pour une fois les artistes se concentraient d’abord sur leur art ? Il existe beaucoup de « bruits » autour des artistes, et on parle finalement très peu de leur musique. C’est ce qui conduit le Dr. Bingono a déclaré qu’il n’y a pas de problème réel qui concernent les artistes : « Les artistes qui veulent revendiquer les droits d’auteurs extrapolent le débat.Ces fameux droits sont distribués deux fois par an, c’est-à-dire une fois chaque six mois. C‘est juste un plus dans la carrière d’un artiste durant une année. Le droit d’auteur ne doit pas être revendiqué comme un salaire, c’est une répartition en fonction de l’effectuation de votre musique par les médias. D’autres n’ont pas d’album depuis quelques années et revendiquent tout de même. ». Ainsi, les artistes semblent se limiter aux problèmes ambiants sachant pourtant que ce ne sont pas les droits d’auteurs qui pourront les aider à se sortir de leur situation. La principale activité qui pourrait sauver les artistes seraient déjà de créer : Créer leur art permanemment « Les artistes doivent travailler et ne pas se laisser emporter par les formes de variétés de musique moderne. Ils doivent créer et se concentrer sur la musique d’abord » ajoute le Dr. Bingono Bingono. La musique ne semble plus revêtir son manteau de gloire depuis de nombreuses années. Dans une interview accordée au magazine Nyanga en juin 2018, le chanteur et scénariste Charles Lembé confie sa douleur de voir l’état actuel de la musique camerounaise. « On retient entre autres qu’il est déçu de ce qu’est devenue la musique de son pays aujourd’hui. Son souhait pour son pays : «le renouveau culturel du Cameroun me tient à coeur. Puisse-t-il en être ainsi.» C’est sa prière ! » Peut-on lire dans le portrait dressé par la journaliste Rita Diba. Le mal serait localisé d’abord au niveau des productions musicales. C’est ce que le critique d’art Joseph Owona Ntsama appelle « la crise de la création ». Un manque d’instrumentistes, l’influence des rythmes de fusion qui diluent nos musiques originelles, la recherche de la visibilité à tous les prix par les artistes sont là des difficultés qui plombent la musique camerounaise et l’empêche de s’envoler vers l’universalité. Quelle musique avons-nous donc pour héritage ? S’il fallait choisir un style en particulier, lequel se rapproche le plus de ces différents critères attendus à l’échelle mondiale ? Le journaliste et critique littéraire Serge Pouth apporte quelques pistes de réponse à cette question : « En prenant l’exemple de la rumba, on sait déjà que du point de vue esthétique et historiographie, n’est pas un style d’essence congolaise. La rumba vient de cuba. Cependant ce n’est qu’un retour à l’Afrique des musiques des esclaves qui ramène la Rumba au Congo. C’est à l’étranger qu’ils ont fait la fusion avec les rythmes africains, et après le Congo a su l’apprivoiser. La rumba congolaise a irrigué toute l’Afrique et même le makossa que nous avons, dérive de la Rumba. Ce qui sous-entend que pour atteindre le patrimoine universel, l’idée est de ne pas rester ethnique. La rumba n’est pas restée ethnique. Le bikutsi de chez nous, s’est emancipé à un moment mais n’est pas allé très loin. Pourtant, le makossa a eu une envolé plus haute notamment avec Manu Dibango. Les américains en 1971 recherchaient des musiques africaines qu’ils pouvaient jouer chez eux. Ils ont été en contact avec des chansons de rumba congolaise, qu’ils ont rejeté. Ils sont allés en France, où ils ont croisé le fameux Manu Dibango alors que le titre « Soul Makossa » venait de sortir et la magie opère, ils adhérent. Les américains diffusent donc Soul Makossa en Amérique. On peut dire que cette chanson n’a pas son pareil dans l’univers musical, du point de vue de la propulsion mondiale. Avec Manu Dibango c’est allé trop loin dans le monde entier. Il y a un makossa ethnique, un makossa musique urbaine et un makossa a dimension internationale. C’est un rythme qui pourrait bien vite être enregistré au sein du patrimoine culturel immatériel. ». La chanson Soul Makossa sortie en single en 1972 est l’œuvre du saxophoniste Manu Dibango. Elle avait été produit à la demande du ministre des Sports du Cameroun à cette époque-là, comme un hymne pour soutenir l’équipe nationale de football, lors de la 8ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations qui a eu lieu au Cameroun. Manu reçoit un million de Fcfa pour cet œuvre. Il produit une chanson sur la face A du disque vinyle et doit compléter la face B. C’est sur cette dernière qui naitra le titre Soul Makossa : un mélange de makossa pur, et de musique Soul. Dans les studios Decca à Paris, Manu Dibango décide de sortir son album Soul Makossa où on retrouve alors la version finale de la célèbre chanson. 50.000 exemplaires vendus en France. La suite de l’histoire, on la connait. L’internationalisation de cette chanson est celle qui serait salvatrice pour la musique camerounaise, une élévation qui pourra marquer les esprits du monde entier et faire accepter la musique du pays à l’universel. Le makossa serait-il donc notre porte d’entrée dans la sphère du patrimoine culturel immatériel mondial ?
Il n’est certes pas, le seul style musical qui a une évolution notable dans le cours de l’histoire, d’autres également font la fierté du pays. Mais le makossa a des éléments non-négligeables en sa faveur : L’implication et la reconnaissance du peuple Sawa envers cette musique, les artistes musiciens qui restent attachés à l’originalité de ce style musical, l’histoire et les origines de ce rythme facile d’accès, l’existence même du festival du « Ngondo » qui permet de garder cette culture du makossa vivante, et enfin le titre Soul Makossa qui est le premier enfant de cette famille culturelle à s’être hissé au sommet du monde. Des travaux approfondis sur le makossa pourraient favoriser la constitution d’un dossier à l’endroit de l’UNESCO. Le Cameroun peut, au final, se préparer à intégrer le patrimoine culturel immatériel.
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