Le Colonel Damiba est au centre de quelque chose qui va déterminer la vision réelle que les Burkinabè doivent avoir sur lui. Sept mois après avoir renversé Roch Kaboré, Damiba est scruté par les Burkinabè sur ses résultats militaires. A ce stade, il ne fait pas mieux que Kaboré. Sa décision d’associer un certain Blaise Compaoré à une rencontre hétéroclite d’anciens chefs d’Etat du Burkina surprend et interroge.
Selon le gouvernement burkinabè de la junte militaire du Colonel Damiba, une rencontre est prévue le vendredi 8 juillet à Ouagadougou avec les ex-présidents Blaise Compaoré, Michel Kafando, Yacouba Zida, Jean-Baptiste Ouédraogo. Ce sont les présidents et chefs d’Etat encore en vie que le Burkina a connus. A quoi répond cette rencontre et que vient faire Blaise Compaoré là-dedans ?
Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Blaise Compaoré sera au Burkina le 8 juillet pour dit-on 24 heures. Ce sera la première fois que l’ex-président du Faso remettra les pieds dans le pays où il fut chassé par la rue en 2014. La question qui se pose et qui inquiète les défenseurs des droits de l’homme est la situation judiciaire de Blaise Compaoré et dans une moindre mesure de Yacouba Zida, dans un tel contexte.
Radié des effectifs de l’armée pour insubordination et désertion, Yacouba Zida est poursuivi aussi dans plusieurs autres affaires. Il est réfugié depuis 2016 au Canada. Sans que rien n’ait été décidé sur son sort, il devrait revenir. A côté, on a un Blaise Compaoré, qui a fui son pays pour se soustraire à la justice. Compaoré a refusé de venir comparaitre dans l’affaire de l’assassinat de Thomas Sankara.
Malgré sa fuite, il a été condamné en février 2022 à la prison à perpétuité pour l’assassinat de son ancien compagnon. En principe, s’il met les pieds au Burkina, il devrait être immédiatement arrêté et conduit dans une maison d’arrêt pour purger sa peine. Mais le Colonel Damiba se croit peut-être au-dessus du système judiciaire.
Sans aucune consultation et sans que les juges n’aient changé de décision, il invite un un fugitif recherché par la justice et le reçoit au Palais. Au nez et à la barbe des victimes de Compaoré et des amis et parents de Thomas Sankara. La parade mensongère du gouvernement de Damiba qui précise que cette rencontre « n’entrave pas les poursuites judiciaires engagées contre certains», est une comédie insupportable.
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