Le projet de réforme constitutionnelle est le sujet qui alimente actuellement en Centrafrique les discours de haine. Plusieurs organisations prônent la violence à visage découvert, en fonction de leur positionnement par rapport à la gestion des affaires publiques ou simplement sur la modification de la Constitution.
Didacien Kossimatchi, leader de la Galaxie nationale et membre du bureau politique du Mouvement Cœur Uni (MCU) du président Faustin-Archange Touadera a par exemple plusieurs fois appelé à des manifestations contre les acteurs de l’opposition, la représentation de l’Union européenne, la France ou encore la Mission de l’Onu en Centrafrique (Minusca).
« La plateforme Galaxie nationale félicite et remercie la population d’avoir mis en déroute les ennemis de la paix, chantre de la haine et de la division, les putschistes à la solde de la métropole, les vieux démons et vampires du peuple souverain et les prisonniers en sursis, partisans de la Françafrique avec la réussite de l’opération dénommée « Baseball contre Tibia », soutient Didacien Kossimatchi.
Ceci n’est qu’un échantillon des propos qui polluent l’atmosphère démocratique. Certaines organisations se réclamant de la société civile à l’instar de Cosipax, ont fait allégeance à la rébellion de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), dirigée par l’ancien président François Bozizé. Ce groupe appelle au renversement du régime de Bangui et propage des propos haineux.
Face à ce climat politiquement délétère et socialement invivable, le médiateur de la République El Hadj Moussa Laurent Ngon Baba a décidé de rompre le silence.
« Nous estimons que ces messages sont de nature à aggraver la situation de notre pays. Il y a des auteurs qui agissent dans l’anonymat, d’autres à visage découvert et nous avons noté que ce sont des groupes qui se réclament de la société civile qui font ces déclarations sur les autorités, les citoyens centrafricains voire des personnalités des organisations internationales », suggère-t-il.
Démarches vaines
Les tentatives du Haut Conseil de la communication (HCC) en vue de limiter les dégâts sont restées vaines. Des personnes identifiées et interdites de tranches d’antenne sur des radios de la place contournent les décisions, profitant de l’inaction de la justice et du silence des autorités.
Han Fraeters, représentant résident de la Banque mondiale en fin de mission en Centrafrique a récemment prévenu contre une dégradation de l’image du pays.
« Que le gouvernement fasse tout pour soigner ses relations… Mais je crois qu’évidemment pour avoir accès à tous les appuis possibles, c’est au gouvernement de soigner toutes ses relations et je crois que c’est une tâche importante pour le gouvernement », a-t-til en substance déclaré.
L’ampleur des discours haineux sur les réseaux sociaux commence à inquiéter une partie de la population qui désire ne pas avoir à subir les conséquences de l’impunité. (dw.com)