La zone du Grand Sud-Est de Madagascar est affectée pour la première fois par l’insécurité alimentaire, conséquence de la saison cyclonique du début d’année qui a fait 206 morts et 460 000 sinistrés. En février, le passage des cyclones Batsirai et Emnati dans le Sud-Est a causé des dommages considérables sur les moyens d’existence de la population. 638 000 personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë élevée dans cette zone.
Dans les régions Atsimo Atsinanana, Vatovavy et Fitovinany, qui composent le Grand Sud-Est de Madagascar, les séquelles de la saison cyclonique sont encore bien présentes. Les cultures vivrières, comme celles de riz et de manioc, et les cultures de rentes, comme celles de café, girofle, bananes, ont été en grande partie ravagées. Mialy Caren Ramanantoanina, chargée de communication au sein de la Fédération internationale de la Croix-Rouge – Océan Indien, explique :
« Tous les districts du Grand Sud-Est, à l’exception de Vangaindrano, sont classés en phase de crise, alors que nous sommes dans la période de récolte. C’est la première fois qu’il y a une insécurité alimentaire dans le Grand Sud-Est puisque cette zone n’est pas aussi enclavée que la zone du Grand-Sud. Il n’y a pas de situation de sécheresse permanente dans cette région, et il y a donc normalement des récoltes. Les communautés essaient de se relever. On essaie d’apporter un appui en matière de reconstruction, de constructions améliorées et de distribution de cash pour les besoins de base. Énormément d’acteurs humanitaires ont répondu à l’urgence après le passage des cyclones, mais il n’y a pas réellement d’interventions focalisées spécifiquement sur cet aspect d’insécurité alimentaire. On a besoin de plus se mobiliser dans ce sens-là. »
Dans le district de Nosy Varika, les prix des denrées ne cessent d’augmenter et de nombreux ménages ne peuvent plus entièrement satisfaire leurs besoins alimentaires, témoigne Gérard, l’un des habitants : « Il n’y a plus beaucoup d’aides et tout le monde est en difficulté ici. Certains ont vendu leur petite récolte de riz pour acheter du sel et des vêtements, par exemple. Sur le marché, tout est cher. La timbale de riz coûte 800 ariary. Une poule coûtait 9 000 ariary avant, maintenant, c’est plus du double. Toutes les cultures de poivre et de café ont été détruites. Les gens n’arrivent pas à se remettre de ce qui s’est passé. »
Les pertes de production et les dommages liés au passage des cyclones sont estimés à plus 160 millions de dollars, selon un rapport de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture publiée en juin 2022. (rfi.fr)