Premier pays africain à être entré en défaut de paiement vis-à-vis de ses créanciers extérieurs – Chine en tête – en pleine pandémie de Covid-19, la Zambie obtient finalement une enveloppe conséquente du FMI.
La Zambie a obtenu un plan de sauvetage du Fonds monétaire international (FMI) à hauteur de 978,2 millions de DTS – ce qui équivaut à près de 1,3 milliard de dollars –, dans le cadre d’un accord conclu entre ses créanciers pour restructurer son endettement colossal et répondre à une situation de défaut de paiement qui dure depuis novembre 2020.
Cette décision intervient moins de trois mois après que la Zambie a conclu un accord de principe avec le Fonds sur une facilité élargie de 1,4 milliard de dollars. Prévu sur une durée de 38 mois, le nouveau programme vise à « rétablir la viabilité de la dette, à créer un espace budgétaire pour les dépenses sociales indispensables et à renforcer la gouvernance économique », indique l’institution de Bretton Woods dans une communication du 31 août.
Principal créancier de la Zambie
L’accord marque une étape décisive dans la manière dont le FMI compte juguler la vague de surendettement des pays qui ont emprunté massivement à la Chine. Le renflouement a été débloqué après que Pékin a donné en juillet son accord de principe pour restructurer ces prêts dans le cadre du G20, afin de coordonner l’allégement de la dette – et quelques jours après que l’empire du Milieu a aussi exprimé sa volonté d’annuler le remboursement des prêts accordés à 17 pays africains.
En 2020, la Zambie est devenue le premier emprunteur africain à faire défaut depuis le début de la pandémie, lorsqu’elle a cessé de payer les quelque 17,3 milliards de dollars de sa dette extérieure – décision prise sous la présidence d’Edgar Lungu, remplacé l’année suivante par Hakainde Hichilema. Le déblocage du programme de soutien du FMI, ficelé en décembre 2021, était suspendu à un accord sur la restructuration de cette énorme dette.
« Un renforcement substantiel des contrôles budgétaires est nécessaire pour soutenir l’ajustement budgétaire, ainsi que pour remédier aux vulnérabilités en matière de gouvernance et de corruption », a déclaré Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI à cette occasion. Et de poursuivre : « la gestion des investissements publics et les pratiques de passation des marchés doivent être renforcées pour garantir la transparence et l’utilisation efficace de ressources rares. Il sera également important de soutenir le cadre de suivi des risques budgétaires, notamment ceux liés aux grandes entreprises publiques. »
Négociations bilatérales
Avant le défaut de paiement, la Chine était devenue le principal créancier de la Zambie avec 6 milliards de dollars de prêts pour la construction d’infrastructures, dans un climat d’économie au ralenti et de forte corruption.
C’est donc avec Pékin et ses autres prêteurs bilatéraux que Lusaka doit maintenant négocier les conditions exactes de l’allégement de sa dette et obtenir un accord similaire avec les créanciers privés, tels que les détenteurs d’euro-obligations libellées en dollars américains d’une valeur de 3 milliards de dollars, pointent nos confrères du quotidien économique britannique The Financial Times.
« Outre l’ajustement budgétaire, la Zambie a besoin d’un traitement approfondi et complet de sa dette au titre du cadre commun du G20 pour rétablir la viabilité de sa dette », a également précisé Kristalina Georgieva. Dans le cadre de ce plan, le gouvernement de Hichilema devra supprimer – entre autres – les subventions aux carburants, réduire les coûts des subventions agricoles et éviter la répétition de mauvais investissements alimentés par la dette. (Jeune Afrique)