La Russie a lancé ses manœuvres quadriennales dans l’Extrême-Orient : « Vostok 2022 ». Au 7e mois de l’offensive russe en Ukraine, la Russie vise la démonstration de force avec plusieurs pays alliés, dont la Chine. Ce dimanche 4 septembre était le premier jour ouvert à la presse et Moscou a choisi l’île de Sakhaline.
Les manœuvres annuelles de la Russie se tiennent par roulement à l’ouest, au centre, au sud et à l’est. C’est justement dans cette zone que le rapprochement Russie-Chine inquiète.
Avec ses rues plates bordées de maisonnettes à deux étages en planche dès qu’on quitte le centre-ville, ses toits souvent en tôle et ses quelques petits centres commerciaux, Sakhaline reste une destination du bout du monde. Même pour les Russes de Vladivostok, la ville du continent la plus proche, la destination est rare et chère.
Sur cette île, le printemps et l’été durent en moyenne trois mois. Début septembre est donc la période idéale pour y organiser des manœuvres. Sur terre, sur mer et dans les airs, on verra 50 000 soldats cette année, soit six fois moins qu’en 2018, où une édition avec 300 000 militaires russes, épaulés par des contingents chinois et mongols, avait eu lieu.
Sauf que pour ces manœuvres « Vostok 2022 », la Russie affiche cette fois quatorze alliés, dont la Chine et l’Inde… même si cette dernière est mal à l’aise. Résultat : malgré le front occidental et les sanctions, la Russie peut démontrer qu’elle n’est pas si isolée que ça, et c’est pour Moscou l’essentiel.
Un message à destination du Japon
Le premier message délivré par ces manœuvres vise avant tout le Japon. Le pays, qui s’est associé aux sanctions occidentales, savait devoir s’attendre à une hausse de l’activité militaire dans la région. De fait, depuis le printemps, cela n’a pas cessé.
Ce dimanche, les manœuvres se déroulent même à ses frontières : Sakhaline est séparée du Japon par un détroit de quelques dizaines de kilomètres. La Russie s’y affiche en tout cas pour des exercices défensifs, dit l’armée russe. Le thème de ce dimanche : la réponse à une attaque amphibie, des manœuvres d’avions de combat et d’artillerie.
« Sans réussir à débarquer des troupes navales sur la côte afin de désorganiser nos unités à l’arrière, l’ennemi a quand même réussi à avancer avec l’aérien, commente le commandant de bataillon Nikolaï Ivanovitch. Dans cette zone, nos unités se sont regroupées à l’avant-garde dans le but de bloquer le chemin des troupes aéroportées aux carrefours principaux. »
Écran de fumée de plusieurs dizaines de mètres de hauteur pour masquer les trajectoires des tanks dans la boue, déploiement de l’artillerie, dont les lance-roquettes multiples Ouragan, très utilisés dans le Donbass… Le tout sous la chaleur.
« Cette partie de l’île est dans une vallée montagneuse et boisée entourée de mers. L’humidité est élevée. C’est pour ça que j’ai du mal à reprendre ma respiration et à vous parler », explique le militaire.
La Russie et de la Chine font ensemble, ce week-end, la démonstration de leurs forces navales. Et le numéro trois chinois l’a annoncé dimanche : il sera en Russie la semaine prochaine. Le plus haut responsable politique du Parti communiste à se rendre dans le pays depuis le 24 février entamera une visite de dix jours par le forum économique de Vladivostok mercredi. (rfi.fr)